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Jean-Baptiste Bullet : interview pour sa chanson #JeSuisCharlie

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(Photo : Franck Scuotto)

jean-baptiste bullet,jb bullet,je suis charlie,interview,mandorC'est en regardant le journal télévisé du 20 heures, le mercredi 7 janvier au soir, après l'attentat au journal satirique Charlie Hebdo qui a coûté la vie à 12 personnes, que Jean-Baptiste Bullet a pris son crayon pour jeter sur un papier ses rimes et sa colère. Tout est sorti comme ça, du cœur au stylo. Des mots simples, parfois crus, faciles à retenir, qui taclent directement les terroristes.

Guitare à la main, Jean-Baptiste Bullet, artiste jusqu'alors inconnu, décide de partager ses idées par le biais d'une chanson. Il  y chante sa révolte et témoigne son indignation, puis la diffuse sur sa page Facebook. Succès fulgurant : le lendemain même heure, elle affiche 6,8 millions de vues !

La fameuse vidéo : #JeSuisCharlie

Très vite, ce jeune tarbais âgé de 25 ans (qui a fait des études notariales) est devenu la coqueluchejean-baptiste bullet,jb bullet,je suis charlie,interview,mandor des médias. Sa composition fait le tour des continents, traduite en anglais, en russe et même en chinois. Interviewé partout, le jeune homme a chanté sur le plateau du Grand 8 et lors de la grande soirée d'hommage à Charlie Hebdo, à la Maison de la radio, au côté de Patrick Bruel, d'Alain Souchon, ou encore de Grand Corps Malade, également auteur d'un texte de circonstance contre l'obscurantisme et la barbarie. Une véritable consécration pour cet anonyme devenu du jour au lendemain l'un des hérauts/héros de ce grand mouvement citoyen qui s'est levé face à l'inacceptable.

Profitant du tremplin de Tarbes, le Pic d’Or, dont je suis l’un des membres du jury, j’ai rencontré Jean-Baptiste Bullet. Un jeune homme extrêmement sympathique et simple que j’ai pu côtoyer pendant trois jours. Avant de quitter la ville, je lui ai proposé de le mandoriser. Je voulais savoir ce qu’il se passait dans la tête d’un type qui acquiert une notoriété planétaire en moins de 24 heures… « Pas de problème ! Viens chez moi quand tu veux et on fait ça tranquillement ! ». Voilà, sans formalité et avec un sens de l’accueil inégalable, j’ai passé une heure chez lui le 22 mai dernier. Et si je ne suis pas resté plus, c’est bien parce qu’il avait trois chats qui tournaient autour de moi (et que je suis allergique aux poils des félidés).

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Interview (au vin blanc) :

Quand tu as-vu ce qu’il s’est passé dans la rédac de Charlie Hebdo, tu as immédiatement réagi ?

Disons que j’ai suivi à partir de midi ce qu’il s’est passé heure par heure ce 7 janvier et ça m’a mis une grosse boule au ventre.  Je ne me sentais pas bien du tout. J’ai pas mal discuté par mail et au téléphone avec des amis de Paris. Ils me racontaient qu’ils ne comprenaient rien, mais qu’il y avait un climat de terreur.  C’est à 18 heures que j’ai eu le déclic. Quand j’ai vu le policier qui s’est fait descendre alors qu’il était à terre. Ca tournait en boucle à la télé et dans les réseaux sociaux comme si c’était normal. Moi, j’étais choqué. Ce sont des images que nous sommes habitués à voir, mais dans les films. Là, cela se passait il y a quelques minutes, chez nous, à Paris. J’ai été profondément choqué. Je voyais que tout le monde écrivait sur cet événement sur Facebook et Twitter. Je me disais qu’il fallait que je fasse quelque chose. Je ne savais pas vraiment quoi. J’ai regardé le JT et pendant le JT, j’ai pris une feuille, celle que je t’ai montré tout à l’heure et que tu as photographié, et j’ai commencé a noté des phrases bout à bout.

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La feuille sur laquelle Jean-Baptiste Bullet a écrit son texte...

jean-baptiste bullet,jb bullet,je suis charlie,interview,mandorUn peu plus tard dans la soirée, tu as mis tes paroles au clair ?

Oui, j’avais deux-trois accords que je commençais à faire tourner et je lisais mon texte pour chercher une mélodie et un rythme. A un moment, il y a une phrase de la chanson  qui m’a fait arrêter net. Je me suis dit que je connaissais. Après quelques minutes de réflexions, j’avais compris que je jouais  inconsciemment « Hexagone » de Renaud. Je suis un très grand fan de Renaud, c’est mon artiste français préféré, mais c’est une chanson que je n’avais pas dans mon répertoire habituel. Je suis donc allé vérifier les accords et je n’ai pu que constater qu’effectivement, je chantais la même chanson avec un autre texte.

Cela dit, pour coller un texte à une chanson existante et connue, ce n’est pas une mince affaire.

C’était inconscient. Je ne sais pas si des forces supérieures étaient avec moi, mais encore aujourd’hui, je me pose la question. J’ai balancé ma chanson avec ce que je me souvenais d’ « Hexagone » et je trouvais que ça collait. De toute façon, je n’avais aucune prétention avec cette chanson. Le soir même, j’ai voulu m’enregistrer et me filmer avec mon téléphone, mais il n’y avait plus de place sur mon mobile. J’ai décidé d’aller me coucher avec la perspective de le faire le lendemain avec ma webcam.

Ce que tu as fait en te réveillant.

Oui, j’avais la gueule dans le pâté avec ma voix grave du matin. J’ai pris mon texte et  j’ai essayé de l’apprendre. J’y suis parvenu et j’ai fait trois prises. Au bout de la troisième, comme j’avais la rage, j’ai décidé de la poster tout en me disant que l’on ne comprenait rien à ce que je chantais. J’ai donc mis des sous-titres pour être sûr que mon message allait passer.

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Ensuite, tu as posté ta vidéo sur ta page Facebook JB Bullet qui était suivie par 500 personnes, tu es parti manger tranquillos, puis tu es allé à ton cours de musique à 14h, c’est ça ?

Oui et pendant que je suis à ce cours, mon téléphone ne cesse de sonner et vibrer. Je sors de là et je constate que c’est l’explosion totale. Une fois rentré, avant d’assister à une manifestation à Tarbes pour Charlie Hebdo à 16h30, je constate que ma vidéo fait 200 000 vues et que j’ai 2000 messages.

Quels étaient les messages qui revenaient le plus fréquemment ?

C’était : « peux-tu mettre cette chanson sur YouTube parce qu’on aimerait la partager ailleurs que sur Facebook ». Rapidement, un type l’avait partagé sur Facebook et faisait croire que JB Bullet, c’était lui. Déjà, des trucs tordus arrivaient. Bref, je mets la vidéo sur YouTube et je pars à la manif. Quand je reviens de la manif trois heures après, je ne comprends rien à ce qu’il se passe. Je me retrouve avec des milliers de messages. Naïvement, j’essaie de répondre à tout le monde, mais je me suis très vite retrouvé dépassé. A 23 heures, il y avait 9 millions de vues. Ce soir-là, j’ai reçu des appels de partout. Deux médias québécois, un journal belge et Fun radio qui me demandaient de passer en direct dans leur émission.  J’étais avec mon pote Kevin. Il me tenait mon téléphone et je leur jouais une partie de la chanson. La soirée se passe et je décrète que je n’en peux plus.

Oui,  tu as besoin de souffler… et je suppose que tu ne comprends pas ce qu’il t’arrive.

Je pars à L’Etal 36 boire un canon. Quelqu’un me demande de prendre ma guitare et de chanter la chanson. J’obtempère, puis je vais me coucher. Je ne te cache pas que j’ai un peu de mal à m’endormir. Je tremblais, je n’étais pas bien du tout. Je me suis même posé la question de tout supprimer. J’avais conscience que tout ceci était en train de me dépasser. Certes, c’est mon rêve de gosse d’être artiste, mais pas comme ça. Soudain, j’étais connu à cause d’une tragédie…

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Que s’est-il passé le lendemain ?

Je retourne à L’Etal 36 avec mon petit ordi portable et je tente de répondre à tous mes mails. Là, j’ai un membre du groupe O’Positif, un groupe local qui m’avait recruté pour être  chanteur avec eux, qui me dit qu’un type de France 5 le harcèle pour que je sois sur le plateau d’Anne-Sophie Lapix. Il est 11h30 du matin. Je rappelle ce type qui me dit que l’équipe de l’émission aimerait m’avoir sur le plateau juste avec ma guitare, ce même jour à 18h. Ok ! Je regarde les horaires des avions. Rien à Tarbes, ni à Pau, ni à Biarritz. Bon ben Toulouse alors. Je ne me rase pas, ne me change pas. Je fais une heure trente de bagnole, une heure trente d’avion et à Paris, ils m’attendent en taxi moto.

Quand tu arrives à Paris, tu ressens quoi ?

J’ai l’impression d’être dans une ville en état de guerre. Je voyais des gens qui hurlaient dans la rue et des camions de police par milliers dans la rue. Ça se passait pendant la prise d’otage et rien n’était réglé. Ma chanson, je l’ai faite par rapport à ce qu’il s’était passé la veille à Charlie Hebdo, mais là, on était en pleine tuerie de l’Hyper Cacher. Moi, j’en étais à me dire que si un mec me reconnaissait, il pouvait me descendre tranquillement. Après, je me disais que si je me faisais buter, j’aurais au moins dit ce que je pensais au fond de moi. C’était complètement surréaliste.

JB Bullet dans un numéro spécial du Grand 8 sur Direct 8.

Après France 5, il y a eu D8.

Je me retrouve au milieu de personnalité comme Julien Clerc, Claude Guéant, Audrey Pulvar, Arthur H…  et personne ne m’a reconnu. On me prenait pour un technicien. La chaine m’avait passé un T Shirt « Je suis Charlie ». On m’avait mis un peu à l’écart dans les loges. Je ne voulais pas du tout m’imposer, alors je restais dans mon coin. La production de l’émission est venue me voir pour me demander de faire une version raccourcie de ma chanson. Je me retrouve à chanter ma chanson après Julien Clerc.

Il vient te voir, je crois.

Oui, il me dit que Renaud doit être très fier. Je lui réponds que je n’en sais rien.  J’ai soudain peur qu’il soit déçu ou en colère. Il y a des histoires de droits auxquels je n’avais pas songé.  Même aujourd’hui, je ne sais pas s’il a apprécié cette chanson, je n’ai jamais eu de réaction de sa part.

As-tu essayé d’analyser rétrospectivement ce succès ?

Récemment, quand j’étais aux States, j’ai enfin pu souffler et essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Je pense que c’était à Renaud d’écrire cette chanson. Je ne comprends pas pourquoi c’est moi qui aie collé ces mots à sa chanson. Je ne réalise pas encore tout ce qu’il s’est passé.

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Après l’émission sur D8, tu reviens illico à Tarbes.

Oui, direct, c’est taxi-moto, avion, voiture. J’arrive à deux heures du matin à Tarbes. Je me demande ce qu’il m’est arrivé. J’essaie de m’endormir, sans succès et dès le lendemain, rebelote, on me demande d’aller à la soirée de France 2 consacrée à Charlie Hebdo. Je vois Nagui, un type que je regardais à la télé et dont j’étais  fan quand j’étais petit.  Là, je me retrouve avec Souchon, Bruel, Tryo, Grand Corps Malade, Biolay… nous étions tous ensemble dans une minuscule loge et moi je ne disais rien, j’étais trop gêné.

Tout le monde savait qui tu étais ?

Au fur et à mesure, ils se sont tous dit qui j’étais. Le plus impressionnant, c’est quand Bruel est arrivé. Il était dans l’embrasure de la porte, moi j’étais assis à côté de Souchon. Ce dernier me tape sur le genou et il dit à Bruel que je suis le jeune qui a fait une chanson sur Charlie Hebdo. Bruel me regarde avec de grands yeux. Il me dit : « Oui, c’est toi. Hier j’avais quinze personnes qui mangeaient chez moi, je leur ai montré ta vidéo sur le Smartphone. » Ensuite, il arrête un mec qui passait, en l’occurrence Laurent Chapeau, le directeur général de Sony Music, et lui dit de s’intéresser à moi parce que j’irai loin. Ensuite, il me passe son numéro en me disant que ce serait bien que l’on fasse des choses ensemble. Moi, je me demande toujours ce qu’il m’arrive.

Ensuite, tu patientes péniblement je crois.

On me fait passer en fin de soirée, je n’en pouvais plus. Je n’avais d’ailleurs plus de voix. Tout le monde avait des musiciens, j’étais le seul à chanter simplement avec ma guitare. Après ma prestation, je suis revenu à Tarbes et j’ai repris ma vie exactement telle qu’elle était avant.

JB Bullet lors de l'émission spéciale sur France 2, "Je suis Charlie".

Dans les rues de Tarbes, j’imagine que les gens ont un peu changé avec toi.

C’est marrant, j’ai l’impression qu’il y a comme une sorte de microcosme à Tarbes qui fait que pas grand-chose n’a changé. Après, j’ai essayé de rester le plus moi-même possible. Avant, je faisais le couillon, maintenant, j’essaie de rester le plus discret possible. 

Les premiers jours, tu as été placé sous protection policière.

Oui, madame la préfète des Hautes-Pyrénées m’a convoqué pour me signifier cela. Elle m’a félicité pour ma chanson, mais m’a dit qu’il fallait prendre des mesures. Pendant deux semaines, à chaque fois que je voyais un comportement suspect, que je constatais quoi que ce soit ou que je me déplaçais pour une interview quelque part, il y avait un mec à chaque entrée. Les premiers jours, deux policiers me suivaient partout. Je suis tombé sur des personnes adorables.

Aujourd’hui, sur tes deux vidéos de ta chanson, tu avoisines les 17 millions de vues. T’es tu dis que tu te mettais toi-même en danger ? Parce que ce tu chantes n’est pas anodin.

C’est ma famille qui a eu peur pour moi. Moi, je me suis dit : « Maintenant tu as fait ça, ce que as dit a été de A à Z ce que tu pensais. Donc, si tu fais descendre, tu te fais descendre pour tes idées et tu auras fait un petit quelque chose dans ta vie. » Nous avons beaucoup d’ancêtres qui sont morts pour défendre nos valeurs, alors pourquoi pas moi ? Comme il faut bien mourir un jour, je me suis dit que si quelqu’un voulait me descendre, il le fera et point barre.

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As-tu reçu des lettres de menaces sur Facebook ou ailleurs ?

Non quasiment pas. J’ai reçu deux messages litigieux, mais c’était deux dessins de terroristes avec une kalachnikov. Les gens ne sont pas fous, si on veut me tuer, on ne va pas m’envoyer un message avant.

Et aujourd’hui, considères-tu que tu ne crains plus rien ?

Oui et non. Mine de rien, tous ces trucs sont très organisés. Les types qui ont attaqué Charlie Hebdo ont attendu plusieurs années après les caricatures. Donc, s’ils veulent une nouvelle petite actu dans quelques temps, on ne sait jamais… Après, au final, la parole forte de ma chanson c’est « tu salis ta religion ». Je n’assimile pas l’acte de ceux qui ont fait parler d’eux durant ces deux journées à de la religion. Une religion montre des chemins de vie, c’est tout. Mais bon, je dois assumer ce que je chante dans cette chanson, « je n’ai pas peur de toi l'extrémiste ». J’ai reçu beaucoup de messages de personnes de confession musulmane pour me remercier.

Y a-t-il un moment qui t’as le plus retourné ?

Oui, quand je me suis retrouvé sur D8 devant la maman de ce jeune militaire, musulman, qui s’est fait descendre par Mohammed Merah à Montauban. A la fin de l’émission, elle m’a pris dans ses bras en me remerciant pour ce que j’avais fait. Là, j’avais les larmes aux yeux.

Il s’est passé quelques mois depuis tout ça. Tu t’en remets ?

Je ne comprends toujours pas. Par exemple, hier soir, je me suis retrouvé en première partie de Thomas Fersen pour les 30 ans du Pic d’Or. Je ne me sens pas hyper légitime. Je sais que c’est parce que j’ai eu cette popularité soudaine. J’ai juste six mois d’expérience de chanteur, j’ai bien conscience que je n’ai pas le niveau. Et quand je vois ce que les demi-finalistes et les finalistes du Pic d’Or ont produit aujourd’hui, je me sens con. Je me retrouve totalement surévalué et je sais très bien qu’il faut que je bosse encore à fond. Tout reste à faire.

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Pendant l'interview.

As-tu conscience que toute ta vie, tu seras l’homme qui a fait la chanson de Charlie Hebdo ?

Je ne m’en rends pas compte. Tu me le dis comme ça, mais je n’y ai jamais pensé.

Dans la mémoire collective ça restera. Il y a eu le drame. Il y a eu la chanson. Il y a eu la marche…

C’est très difficile d’avoir le moindre recul parce que, mise à part les plateaux télés qui se sont enchainés très vite, je vis à Tarbes et je vois tout ça de Tarbes. Je suis dans mon monde. Et mon monde n’est pas le monde.

Tu fais quoi aujourd’hui ?

Il faut que je bosse beaucoup pour espérer me lancer officiellement dans la musique. Je vais chanter tout l’été dans la rue avec un pote. On a quelques spots sur la Côte d’Azur.

Je peux te souhaiter quoi pour l’avenir ?

Ce serait de continuer sur cette lancée, continuer à réaliser ce rêve de gamin. Ce serait aussi d’arriver à progresser artistiquement. D’entendre une de mes chansons à la radio, pas Charlie, une nouvelle qui ne serait pas associée à un événement dramatique. J’aimerais faire ressentir de l’émotion aux gens. Tu peux me souhaiter d’être heureux dans la vie, d’être fier de ce que je fais et de pouvoir vivre de mes chansons. Je souhaiterais aussi continuer à rencontrer les gens. J’aime le contact avec de nouvelles personnes et échanger.

Note de Mandor : pour en savoir plus sur le projet de musical de Jean-Baptiste Bullet, voici sa page KissKissBankBank... je suivrai l'évolution de ce garçon de très près (et je vous tiendrai informé ici-même).

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Après l'interview, le 22 mai 2015, dans la pièce où JB Bullet a enregistré sa vidéo.


Presque Oui : interview pour De toute évidence

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presque oui,thibaud defever,de toute évidence,interview,mandorPresque Oui, c'est Thibaud Defever, « chanteur tendrement persuasif et guitariste vituose », associé à d'autres musiciens. Je ne le connaissais que de réputation. Bonne, voire très bonne. C’est Marie-Françoise Balavoine qui m’a vivement incité à aller le voir sur scène au plus vite. Ce que j’ai fait à L’Européen, le 26 mai dernier. J’ai adoré. Sensible et fort. Doux et cruel. Léger et grave. Lumineux et profond. Presque Oui, c’est le paradoxe. Mais le paradoxe, on aime ça. On se fait happer du début à la fin par l’intensité qu’il dégage, par la justesse des mots et par la magnificence des accompagnements.

Et donc, le lendemain, cet artiste authentique est venu à l’agence. Pour une conversation de très belle tenue.

presque oui,thibaud defever,de toute évidence,interview,mandorBiographie officielle :

Entre surfer sur l'écume de la fantaisie et explorer les profondeurs de l'âme humaine, entre la tradition et la modernité, Thibaud Defever, « capitaine » de Presque Oui n'a pas choisi son camp. Ce qui le place hors de toutes les castes de la chanson française.
Il fait presque figure de fauteur de trouble, oscillant entre humour et gravité, premier degré d'intimité qui bouleverse et second degré dont l'acuité précise fait se gondoler les esprits fins. Ambiguïté assumée. Une part d'ombre et de lumière.

Presque Oui vient de sortir son 4e album, De toute évidence.

La voix et la guitare se soutiennent, se croisent et s'entremêlent, chantent parfois sur le même fil... Sur un fil délicat mais solide tendu par la batterie de Benjamin Vairon et la contrebasse de Xuan Lindenmeyer.
Ce trio-là sait jouer l'énergie avec subtilité et offre un terrain musical de rêve aux nouvelles chansons : des mirages récurrents, des anges bienveillants, des disparitions inexpliquées, des ombres chinoises qui partent en vrille... Les mélodies sont fortes, ciselées et l'on se surprend à presque danser sur ces chansons d'absence, de silence, de renouveau.

Jamais jusque-là Presque Oui n'avait réussi cet équilibre parfait entre la fraîcheur des musiques et la manière d'envelopper les mots. C'est désormais chose faite. On croyait connaître Presque Oui.
De toute évidence, on n'a pas fini de le découvrir.

(A lire, le "live report" du concert de Presque Ouià L'Européen le 26 mai 2015, par David Desreumaux pour son site musical consacré à la chanson française de qualité, Hexagone.

Et la critique de l'album De toute évidence par François Bellart pour le site Nos Enchanteurs.)

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(Photo : David Desreumaux du site Hexagone)

presque oui,thibaud defever,de toute évidence,interview,mandorInterview :

Comment as-tu vécu le concert d’hier soir ?

C’était une formule nouvelle pour moi. Nous étions en trio, avec batterie et contrebasse. C’est marrant parce que j’ai beaucoup joué en voix/guitare ou en voix/violoncelle/guitare. Dans ces cas-là, le ressort dramatique du spectacle repose plus sur la façon dont on s’adresse aux gens, la façon dont on agence les chansons. Hier, j’ai ressenti une sensation inédite. J’ai pu chanter des chansons mélancoliques, mais avec un jeu rythmique derrière. Je  trouve ça assez confortable. J’ai l’impression d’être dans une Cadillac, mais que je ne maîtrise pas encore bien. C’était vraiment le premier concert avec cette formule. On sortait de résidence.

Tu as des chansons très graves, voire très dures et puis, tu désamorces par la parole entre deux chansons. Tu es très second degré…

Ce côté-là m’échappe presque. J’essaie de rester dans le premier degré, mais je n’y parviens pas. Je suis incapable de raconter pourquoi j’ai écrit telle chanson en expliquant la réalité. Je ressens le besoin de broder.

Ton public me semble bienveillant.

C’est flippant, du coup. Parce que tu as peur de décevoir. Hier, il y avait mes potes, ma mère… ce n’est pas aisé de chanter devant des membres de ta famille. Ils t’ont connu en short, en train de te casser la gueule puis avec du mercurochrome sur les genoux, Ils t’ont lavé.... C’est très bizarre l’image intime quand on veut renvoyer une image spectaculaire dans un spectacle. Les proches qui sont en face de toi te connaissent parfaitement. Je ne peux pas les duper. C’est comme si cela te privait d’avoir des ailes fantasmatiques qui te permettent d’être quelqu’un d’autre. Finalement, c’est plus facile pour moi de chanter devant des personnes que je ne connais pas du tout.

A chaque album de Presque Oui, il y a une formation différente. Le premier album était en duo avec Marie-Hélène Picard. La maladie l’ayant emporté, il a fallu continuer. Seul.

Dans le deuxième album qui suit la mort de Marie-Hélène, il y a pas mal de chansons que j’ai écrites pour moi. Sur scène, il a fallu que je masculinise certaines chansons.

Clip de "Tout me parle de toi", extrait de l'album De toute évidence.

Tu écris avec Isabelle Haas depuis toujours…

On a commencé à écrire à deux, il y a une vingtaine d’année. Avec Presque Oui, on ne faisait que des reprises, nous étions donc en quête de compos. Isabelle, qui faisait partie de l’association Presque Oui et encadrait le projet, a dit « moi, j’ai des histoires ». On est donc partie des contes et des nouvelles qu’elle avait écrites pour les transformer en chansons. Au fur et à mesure, le temps, les épreuves et tout ce que nous avons vécu ensemble aidant, on a pu se permettre d’aller dans des chansons beaucoup plus intimes à deux. Au début on écrivait tout à deux. Les départs d’idée était plus dues à Isabelle et au fur et à mesure, je suis devenu musicien professionnel et j’ai eu plus de temps pour me plonger dans l’écriture. Depuis, Isabelle a pris une place de regard extérieur sur le texte. Mais c’est un regard primordial pour moi. Parfois, je lui présente une chanson et quand on ressort de la séance, elle est complètement transformée, c’est pour ça que j’estime qu’elle est coauteure.

Tes textes m’ont surpris par leur poésie et parfois, par leur douleur et leur intensité.

Dans mes précédents albums, il y avait des chansons rigolotes, un peu sketchisantes. Mais un jour, je n’ai plus eu envie d’endosser des rôles, d’être dans des personnages. Sur scène, c’est amusant, mais à enregistrer sur disque, je trouve ça terriblement chiant. Pour ce nouvel album, j’avais envie qu’il soit uniquement mélodique, poétique… et j’espère qu’au final, il n’est pas trop plombant. Le fait d’avoir une batterie, d’avoir une section rythmique, c’est une politesse énergétique par rapport au désespoir et à la tristesse.

"Un baiser", extrait de l'album De toute évidence, en concert à L'Européen à Paris, le 26 mai 2015 (captation signée David Desreumaux pour le site Hexagone)

As-tu l’impression d’être reconnu à ta juste valeur ?

La reconnaissance, elle est venue en 2008. J’avais fait un concours à Montauban que j’avais gagné avec Manu Galure. Après ça, on a eu 80 dates dans l’année. C’est énorme pour des artistes comme nous.

Artistiquement, tu as été influencé par qui ?

Il y a deux artistes très importants pour moi. Dick Annegarn pour le fait de trimbaler tout un monde en guitare/voix avec une virtuosité et une orchestration guitaristique. Et Gilbert Lafaille pour la douceur dans la voix, pour la façon de chanter doucement, un peu inspiré des brésiliens. Moi, je n’arrive pas à chanter fort. Il m’arrive d’envoyer le bois, mais rarement. Mon naturel est de chanter doucement.

Est-ce que ce nouveau disque t’a apporté une notoriété supplémentaire ? J’ai l’impression que beaucoup de médias en parlent.

J’ai la sensation d’avoir un public différent de mes albums précédents. Je pense même que des gens m’ont lâché. Je trouve bien de ne pas répondre à ce que l’on attend de soi. Tu sais, j’évolue parce que je découvre d’autres artistes. J’ai entendu quelqu’un comme Bertrand Belin. Je le trouve culotté et il me donne envie d’aller dans d’autres directions, de faire des chansons en demi-teinte, en clair-obscur. Avec De toute évidence, je me suis fait le plaisir d’enregistrer un album que j’aurais envie d’écouter. J’ai voulu plaire à l’auditeur que je suis. Je pense désormais qu’il faut se laisser choisir par une forme d’écriture et pas vouloir à tout prix transformer l’écriture pour qu’elle aille vers quelqu’un… quitte à avoir un public confidentiel.

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Derrière la porte, pendant l'entretien.

Il faut faire ce que l’on est ?

Oui, c’est tout à fait ça. J’ai écouté Vianney. Au départ, j’ai trouvé l’album vachement sucré, après, j’ai regardé sur internet des extraits où il chante en guitare voix, notamment aux Victoires de la Musique. Et finalement, je me suis dit qu’on s’en foutait que ce soit sucré. Ce qu’il fait tient tout seul et lui correspond et il y a quand même de la profondeur. A 23 ans, c’est impressionnant. Je crève d’envie de le voir sur scène. Il est magnétique. Moi longtemps, je me suis excusé d’être là et longtemps je me suis posé la question de ma légitimité.

Pourquoi chantes-tu, au fond ?

Je ne sais pas exactement. Ce que je sais, c’est qu’à l’âge de 7 ans, ma mère a sorti une guitare du grenier. Elle me l’a donné. J’ai commencé à faire n’importe quoi avec, mais ça a été un coup de foudre. Très vite, on m’a appris quelques accords, j’ai commencé à chanter en yaourt et ça ne m’a jamais quitté. Après, j’ai fait le conservatoire, de la guitare classique, mais je suis revenu à la chanson très rapidement. Si je veux être totalement honnête, à l’adolescence, la guitare et la chanson m’ont permis d’avoir une reconnaissance par rapport aux amis. J’étais timide, je n’arrivais pas trop à m’exprimer. La guitare m’a permis d’exister en société, tout en me permettant de me cacher. Aujourd’hui encore.

Penses-tu que tes chansons peuvent aider d’autres personnes qui ont vécu des choses aussi intenses que toi ?

Je crois que l’on ressent une grande satisfaction et une grande vibration quand on parle de quelque chose qui va éventuellement servir de catharsis à d’autres personnes. J’ai envie d’être honnête par rapport à la complexité de ce que je vis. Je mets tout sur la table et se reconnait qui voudra se reconnaître.

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Le 27 mai 2015, après l'interview...

Jules & Jo : interview pour Pouvoir aux roux

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jules & jo,matthias billard,julie legait,alex aymi,interview,pouvoir aux roux,mandorAu début, ils étaient deux, Matthias Billard, Julie Legait. Le contrebassiste Alex Aymi les a rejoints. Ils forment le groupe Jules & Jo.

Très inspirés et très drôles, ils jouent un mélange de swing, jazz, reggae, funk, cumbia, hip-hop… j’en passe et des meilleurs. Je les ai découverts cette année au Prix Georges Moustaki 2015. Toute la salle, membres du jury inclus, leur a fait un rare triomphe. Ils ont reçu ce soir-là, le prix du jury et c’était amplement mérité. Quelques jours plus tard, je suis allé les voir au Limonaire. Et je n’ai pas arrêté de rire de la soirée. Parfois, il y a des chansons moins humoristiques qui rappellent que ce sont de vrais poètes et qu’ils dominent parfaitement leur art. Je me demande pourquoi la France les boude un peu. Des textes décapants, recherchés, parfois osés ou à la limite de l’absurde. On ne fait pas mieux pour se divertir et écouter des chansons qui touchent. « La beauté et le tragique se font sans cesse du pied » ai-je lu quelque part. Pas faux.

Guilhem Valayé, le chanteur de 3 minutes sur mer en parle magnifiquement : « Lachansonfrançaisedecabaretestbienvivante,rienàvoiraveclanostalgiedu« c’étaitmieuxavant »etdela« chansonàpapa ».Ilssontsingulierscinglésetmagnifiques. »

J’ai donc reçu ces trois cinglés magnifiques, Matthias Billard, Julie Legait et Alex Aymi (qui ne s’est pas exprimé), le 15 mai dernier, à l’agence pour une mandorisation plus profonde que drôle.

Biographie officielle :

Les Jules & Jo osent tout.Abordant les thèmes les plus saugrenus, triturant les mots avec insolencejules & jo,matthias billard,julie legait,alex aymi,interview,pouvoir aux roux,mandor et délectation, ces trois énergumènes étonnent et détonnent dans le paysage de la chanson francophone. Mêlant les sonorités chaudes de l’accordéon diatonique à celles de la guitare électrique, du charango, des voix, des percussions, et de la contrebasse, ils vous emmènent loin et vous malmènent sans répit. Lauréats du Prix du Public Georges Moustaki 2015, du Prix du Public de la Médaille d’Or de la Chanson 2013 (Suisse), du concours Le Mans Cité Chanson 2012, de la Biennale de la Chanson Française 2010, et du tremplin Vive la Reprise 2009, Jules & Jo vous embarquent dans un spectacle musical insolite et pimenté.

Leur 2ème album Pouvoir aux Roux est sorti en France en avril 2015.

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jules & jo,matthias billard,julie legait,alex aymi,interview,pouvoir aux roux,mandorInterview :

Comment a débuté Jules & Jo ?

Julie Legait : On a fait les Ateliers chanson à Bruxelles. C’est une école de chanson et d’interprétation. On était dans la même promo. Dans la classe, on a fait un duo, Paroles Paroles. Matthias était Alain Delon et moi Dalida. On a tout de suite compris que nous étions faits pour travailler ensemble. Nous nous sommes tout de suite bien entendu et compris. Un mois et demi plus tard, on a fait un concours à Paris, le tremplin Vive la reprise. On est arrivé en final. Trois mois après, on nous a proposé de faire un concert d’une heure et demi. On a bossé comme des fous pour créer 20 chansons. C’était de la folie pure, mais c’était le début de l’aventure.

La reprise inédite de "Paroles, paroles"en 2012.

Vous êtes tout de suite allés dans la direction de chansons surréalistes, corrosives et drôles ?

Matthias Billard : Mes chansons « radicales » sont assez récentes. Au départ, j’écrivais des chansons plus contrastées. Elles étaient plus personnelles et profondes, mais il y avait déjà fortement l’identité que nous avons aujourd’hui.

Il faut être un peu « timbré » pour écrire des chansons comme vous les écrivez Matthias ?

Matthias : Oui, je le suis certainement. Mais généralement, je trouve que dans la chanson, l’humour manque cruellement. Aller dans ce créneau-là m’intéressait beaucoup. Il faut que ce que j’écrive me surprenne et me fasse sourire, sinon, j’estime que ça n’a aucun intérêt.

Clip de "Pouvoir aux roux".

Il y a des gens qui font de la chanson « drôle » comme Oldelaf par exemple, mais votre jules & jo,matthias billard,julie legait,alex aymi,interview,pouvoir aux roux,mandorvaleur ajoutée, c’est le style. Drôlerie et poésie n’ont pas toujours fait bon ménage. Là, oui.

Matthias : Avant tout, j’ai la volonté de chercher des thèmes qui n’ont jamais été traités. Et comment faire pour parler de la pédophilie ou du caca sans ajouter de poésie et de romantisme ? J’essaie d’être drôle et élégant.

Comment savez-vous qu’une chanson est réussie ?

Matthias : C’est très simple. Je les teste sur Julie et Alex. S’ils rient, c’est que c’est bon, sinon, c’est que c’est loupé et qu’il faut que je me remette au travail.

Julie : Souvent, quand j’écoute pour la première fois une de ses nouvelles chansons, je me dis que, vraiment, ce type est barge. Cela dit, nous aussi on est barge.

Oui, je l’ai remarqué hier soir au Limonaire. Vous avez tous les trois des sortes de folies différentes, mais qui se complètent parfaitement.

Matthias : Je crois que nous sommes tous fous. Toi, moi, le voisin… je crois qu’on n’a tous une folie intérieure et qu’on ne développe pas assez notre clown. On a tous besoin d’excentricité.

Oui et vos chansons font du bien en ce moment !

Julie : Il y a une telle morosité ambiante… Le monde est difficile, alors, aller voir un spectacle ou on se marre un peu, il ne faut pas s’en priver. Avec nous, je pense que les gens retrouvent une simplicité et un second degré qui fait du bien.

(Quelques photos et une vidéo du Prix Georges Moustaki 2015. Thierry Cadet (cocréateur du Prix) et moi avons interviewé Matthias Billardà l'issue de sa prestation. Jules & Jo a remporté le prix du public.)

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(Photo Marylène Eytier-aubonclic.com)

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(Photo Marylène Eytier-aubonclic.com)

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(Photo : David Desreumaux-Hexagone)

 "Le roi de l'étang", lors du Prix Georges Moustaki 2015 (capté par David Desreumaux-Hexagone).

jules & jo,matthias billard,julie legait,alex aymi,interview,pouvoir aux roux,mandorY a-t-il parfois des gens gênés par vos textes, parce que vous allez loin quand même ?

Julie : On a déjà eu des gens qui sont partis pendant « Jean-Patrick », la chanson sur le pédophile. On fait une introduction rigolote histoire de faire passer la pilule… et le plus souvent, elle passe. Celle-là, on ne l’a pas assumé tout de suite (rires).

Vos concerts laissent-ils de la place à l’improvisation ?

Julie : On essaie d’interagir immédiatement quand il y a des réactions spontanées des gens dans la salle.

Matthias : Nous tenons à nous laisser une marge d’improvisation. On ne se force pas à rester dans un cadre très précis. Les transitions sont écrites, mais rien n’est figé. Nous ne supportons pas cela.

Vous vous métamorphosez sur scène, c’est stupéfiant !

Julie : Nous ne sommes pas dans un rôle qu’on essaie d’interpréter. Ce que je suis dans Jules & Jo, c’est une partie de moi. C’est ce que je ne peux pas forcément être et faire en société. On fait plus un travail de clown que de comédiens. On va chercher des parties de soi pour les extérioriser différemment.

Matthias : J’ai fait énormément de théâtre quand j’étais enfant. Je voulais vraiment devenir comédien. Vers 20 ans, j’ai eu une espèce de nausée. J’en avais marre de jouer des rôles. Dans notre spectacle, je n’ai pas l’impression de jouer un rôle. Comme le dit Julie, nous ne jouons pas des personnages.

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C’est une forme de thérapie alors ?jules & jo,matthias billard,julie legait,alex aymi,interview,pouvoir aux roux,mandor

Matthias : Complètement. Il n’y a pas meilleur mot.

Julie : C’est parfois un peu limite. J’ai eu des périodes où j’étais un peu plus angoissée et je me rendais compte que le seul moment de liberté intense où je pouvais vraiment me sentir légère, c’était sur scène.

Vous êtes un groupe qu’il faut voir sur scène. Excusez-moi de vous le dire, mais votre disque paraît fade à côté de l’explosion que vous nous montrez en concert.

Matthias : On en a conscience. Mais, on ne sait pas retranscrire ce qu’il se passe sur scène sur disque. C’est impossible, je crois.

Je ne comprends pas votre manque de notoriété en France…

Matthias : Je crois que nous sommes difficiles à caser. Les gens du métier, les journalistes et les programmateurs, se demandent « dans quoi on les met ? ».

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Trouvez-vous ce métier difficile ?

Julie : On a six prix plutôt honorables et malgré cela, ça ne bouge pas. Je ne comprends pas pourquoi. Disons que ça bouge, mais très doucement. Nous, on s’amuse toujours autant, on aime toujours être sur scène et travailler ensemble. On continue avec enthousiasme, mais on se pose des questions…

Vous faites tout vous-même puisque vous vous autoproduisez.

Matthias : Je m’occupe de tout le côté administratif et ça prend beaucoup de temps sur la création. L’inspiration, ça se travaille et ça se provoque… il faut avoir le temps. Mais, bon, j’y parviens.  

Parfois, il est question d’objets dans le spectacle : « La chaise de jardin » et « Le bouton ».

Matthias : C’est marrant que tu me dises cela. Je suis sur un nouveau tripe lié aux objets. J’aimerais faire un spectacle et un disque concept avec uniquement des chansons sur des objets. A part les deux que tu viens de citer, j’en ai déjà une autre qui s’appelle « Cochonnet ». C’est un peu mon dada en ce moment et ma contrainte.

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Pendant l'interview...

Dimoné : interview pour Bien Hommé - Mal Femmé

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(Photo : Guillaume Bonnefont)

Je me demande parfois pourquoi untel ou untel n’a pas la visibilité médiatique qu’il mérite. Dans le cas de Dimoné (15 ans de présence dans le paysage musical hexagonal), j’espère que cela ne va pas tarder. Une richesse textuelle comme la sienne est rare. On dit de lui que c’est un « être utopique et exigeant, rêveur lucide et facétieux logique ». Bien Hommé - Mal Femmé, son dernier album, devrait convaincre tout le monde.

Je suis allé le voir à laBoule Noire, le 31 mars dernier. Le choc. La claque.

Le type m’a impressionné. Un rockeur charismatique comme on en fait plus. « Les mots rebondissent à force d'allitérations, de formules désossées ou de phrases à tiroirs. » La musique (guitares tranchantes) transcende l’auditoire. L'homme chante autant qu'il parle, explose les contraintes formelles et utilise de drôles d'instruments (toy piano, bouzouki irlandais, percu de lutrin, onde à bulle...) pour créer ses mélodies d’une efficacité redoutable.Impressionnant et magistral.

Le 2 juin dernier, le montpelliérain d’adoption est passé à Paris. Une visite à l’agence s’imposait. Et c’était bien. Des réponses inhabituelles, entre poésie, allégorie et métaphore…

dimoné,bien hommé,mal femméArgumentaire de l’album :

Bien hommé mal femmé nous invite dans sa chevauchée sur un territoire des genres et de l’intime. Onze chansons audacieuses. Ces cavalières réelles ou fantasmées par Dimoné le bien nommé, sont, elles-mêmes, l’allégorie batailleuse de ses tourments convertis en rêverie, en souhaits ou en formule de sorcier blanc. On y désire et on y extrapole l’insupportable solitude, on s’accompagne dans les origines, et on s’aventure orgueilleusement dans son univers où l’ombre peut s’avérer lumineuse. Après l’écoute de cet album on sait que le sentiment est minéral et le sensible une odeur. Indissociable compagnon de scène de Dimoné depuis les débuts, Jean-Christophe Sirven a réalisé cet album.

Dimoné n'est pas de ces dociles caboteurs longeant le rivage. Il préfère mettre cap au large, chercher les remous. Ce poète-cartographe sillonne d'impétueux courants intérieurs, vogue de rêves en fantasmes, essuie doutes et constats. Pour finalement jeter l'ancre en des territoires inexplorés, entre 40e rougissants et 50e urgents, là où la pudeur le dispute à la sincérité, le sacré au secret, le rageur au tendre. A rebours des chroniques du quotidien, son écriture affûtée aspire à l'universel. Sa plume caresse l'homme « au plus près de l'os », cisèle le verbe avec élégance, au gré des jeux de mots et doubles sens. D'une voix pénétrante à la fois grave et soyeuse, il distille une poésie sans fard, presque charnelle, posée sur une pop mélodique portée par les guitares. Dandy démon, Dimoné grésille, irradie, bouillonne, crépite et éclabousse. Il nous invite à suivre une odyssée singulière et inspirée au creux de ses tourmentes, qu'il défie, pour mieux les vaincre, telles de délicates fortunes de mer.

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 (Photo du haut et celle de l'ouverture d'interview : Flavie Girbal du site Hexagone)

dimoné,bien hommé,mal femméInterview :

Pour bien connaître ton travail, il faut te voir sur scène ?

C’est tout à fait la réalité. La naissance de ce monde intérieur que sont la compo, la création et les tourments, tout cela n’a de sens parce qu’il y a un public. La rencontre se fait plus sur scène que sur disque.

Certains font des chansons pour exorciser leurs tourments intérieurs.

Moi, c’est aussi beaucoup pour en vivre. Je commence par cet axe-là qui est le moins glamour de tous. Par cette idée d’en vivre, je me dois d’être encore plus vivant. Je ne vais pas faire la manche sur scène. Je vais même chercher à voir si on a envie que je vive. C’est la vie, la mort. Le pouce en l’air ou en bas. On me like ou on me délike.

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(Le 9 juin 2015, au Théâtre de la Mer à Sète... une semaine après l'interview)

Tu es dans cet état d’esprit à chaque fois que tu montes sur scène ?

Oui. La scène est un endroit hostile. Ce n’est pas cool. Ce n’est pas comme ce canapé où je suis assis. Il y a bagarre.

C’est un match de boxe ?

C’est ça. C’est une zone où il y a des snipers un peu partout. Même si je me dis que mon public est bienveillant, je me dois de faire attention. Je suis dans le viseur de tous. C’est une manière de me mettre en éveil.

Clip de "Un homme libre" extrait l'album Bien Hommé - Mal Femmé

Tu as commencé ta carrière à Montpellier en 1986 et tu as fait un nombre considérable de concerts depuis. Tu ne te laisses jamais gagner par l’habitude ?

Je pense qu’il y a plein de choses que je faisais de manière animale et instinctive. Avec prudence. A une certaine époque, quand j’ai commencé à chanter,  je me trouvais très gendre idéal. Avant, je me planquais derrière des chanteurs qui se cognaient le boulot à ma place. J’ai cheminé vers ce poste de calendre de bagnole pour arriver à représenter son intériorité, ses états d’âme et ses fragilités.

De qui parles-tu ?

Du personnage. Oui, il fallait que je crée un personnage. Disons même qu’il est apparu.

Comment est-il apparu ?

Comme personnellement, je me refuse de formuler trop de choses, parce que j’ai peur de les tuer en les disant, je me suis dit qu’il fallait qu’il y ait une personne munie de plus d’audace que moi. Il fallait que je lui donne la possibilité de rencontrer plus de gens, d’être infréquentable, d’avoir une part féminine énorme et d’être ingérable. Il faut que je laisse à ce personnage, cette liberté-là.

A ce double ?

Oui, à ce double. Toi qui es gémeaux comme moi, tu comprends ce que je te dis. Cette histoire de dualité que l’on raconte sur notre signe astrologique m’arrange bien. Tout à coup, il y a cet individu  qui s’accapare de moi.

Il est comment?

Je l’identifie un peu plus qu’avant. Il peut être plus sympathique que naguère. J’accepte un peu plus sa part de lumière.

En fait, tu te planques derrière lui.

(Ironique) Tu crois ? Je me planque surtout derrière ma moustache. Ce personnage que j’incarne sur scène est aujourd’hui un mélange de tendresse et de folie. Pendant une fenêtre d’une heure et quart sur scène, je peux mieux purger cette histoire de l’existence, ce gros théâtre de nos vies.

"Soiñons nos rêves", extrait de l'album Bien Hommé - Mal Femmé, en concert à Montpellier au Rockstore le 21 novembre 2014.  

Là, nous faisons une interview. Aimes-tu parler de toi et de ton œuvre ?

C’est intéressant que tu me poses cette question-là. Hier, je me faisais cette réflexion. C’est sympa que l’on sache ce que je fais. Me raconter est une action, pas uniquement une thérapie. On passe beaucoup de temps à parler de soi. Ton boulot est de récupérer et glaner des infos, nous sommes des prairies d’artistes pour gagner ta vie, et pour gagner la mienne, il faut que la raconte. Quand je monte à Paris, je sais que ce n’est pas pour visiter la Tour Eiffel. La question est : comment être exciter à  dire les choses.

Cet album est, je crois, ton disque majeur. Celui qui t’a révélé à un public nettement plus large qu’auparavant.

Je ne suis pas quelqu’un de fondamentalement ultra confiant en moi. C’est pour ça que j’ai demandé à ce fameux Dimoné de prendre ma place. L’environnement et le côté sacré des choses ont fait qu’il s’est passé des évènements qui ne se sont jamais tenus sur mes précédents disques.

Lesquels par exemple ?

L’accompagnement par FIP ou le coup de cœur de l’académie Charles Cros 2015. J’ai l’impression que je suis un perdreau de l’année, alors que bon.

Tu as près de 15 ans de carrière et on ne te récompense qu’aujourd’hui. Ça te fait quoi ?

Ça m’amuse, mais personne ne me dois rien et ça fait très plaisir. Pour me protéger, je me dis toujours que la soirée ne sera pas bonne, mais là, si on me dit que mon disque est bien, je tente de savourer. J’ai 48 ans et je vis de ce métier depuis peu. Ca calme mes éventuels ardeurs.

Clip de "Venise", extrait de l'album Bien Hommé - Mal Femmé.

Comment vis-tu la dépossession de tes chansons ? Quand elles sont terminées et enregistrées, elles ne t’appartiennent plus, non ?

C’est le but d’une chanson et ça me protège moi. Ça me permet de disparaitre. Le moi, moi, moi constamment, ce n’est pas le but. Etre sur le chemin, être un vecteur, c’est noble. Cette idée-là m’intéresse. Parfois, mes chansons sont nébuleuses et dans le réveil, c’est là où il est plus facile de se les approprier.

Parlons de tes mots. J’adore leur son.

Je suis un indien. Je suis sûr que le son d’un mot est dans le sens. Le son d’un mot m’intéresse si ça devient un matériau. Je creuse dans leur sonorité, ça va forcément générer du jeu.

Tu mets longtemps à écrire un texte ?

Les mots arrivent sur une page. A partir du moment où cela a du sens, ils vont faire des familles. Mais mon travail est très intuitif. Je ne suis pas un thésard.

Et que l’on décortique tes textes, ça te gonfle ?

Au contraire, je crois que ça me flatte. J’y passe du temps, c’est long.

 Clip de "Encore une année" extrait de l'album Bien Hommé - Mal Femmé

As-tu des doutes dans ton travail ?

Oui, sur la forme. J’ai peur de rater le sens de l’instant.

Parfois, as-tu eu envie de baisser les bras ?

Je suis dans la rêverie, et le pire ennemi de la rêverie, c’est l’amertume et l’aigreur. Que te reste-t-il si dans ce que tu te permets de rêver, c’est pourri ?

Tu as deux enfants de 18 et 21 ans. Que pensent-ils du travail de leur père ?

J’ai un fils qui fait du hip hop et une fille qui est dans les arts plastique parce que ça leur plait. Avec moi, je pense qu’ils sont sensibilisés à l’art. Ils sont venus me voir plein de fois en concert, ça les intéresse.

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(Pendant l'interview)

Fais-tu ce métier pour fuir la vraie vie ?

Mais carrément. Pour enfin être irresponsable. Je passe mon temps à trouver des solutions pour être irresponsable. C’est un énorme boulot et une sacrée chance. Je pense que j’existe dans la fuite.

Tu te trouves toujours cohérent ?

Oui, dans le côté sinueux. La frontalité est ennuyeuse et je n’ai rien à dire de fondamental. J’ai juste à rendre savoureux les méandres.

Quel est le message principal que tu veux faire passer ?

Pilotons vers nos rêves avec autorité alors que tout est rempli d’incertains, d’incertitudes et d’oxymores.

Tu ne ferais pas de chansons juste pour toi ?

C’est certain. C’est l’idée de l’insupportable solitude.

Tu rêves de quoi dans ce métier ?

Etre peinard, mais que ça se sache.

Tu envisages ce métier comme une mission ?

Oui, mais une mission à la Bob Denard, le mercenaire. Toujours dans le combat.

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 Après l'interview, le 2 juin 2015.

Bonus : Un excellent moyen métrage sur Dimoné.

Dimoné, Démon du Clapas (26mn). Réalisation, images, son & montage: Olivier Arnal.

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Radio Elvis : interview pour Platine "notre rapport à la variété"

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1554548_1610620372543084_5360841798847029610_n.jpgAprès Dominique A (dont les propos ne sont pas passés inaperçus), Juliette, Didier Wampas, Christophe Mali(de Tryo) et Ben l’Oncle Soul , c’est au tour du jeune groupe Radio Elvis(mélange de rock et de chansons poético-universelles) de répondre à mes questions au sujet de la variété (pour le magazine Platine, meilleur ambassadeur pour ce genre musical). Je suis ce trio depuis le début de sa formation (le chanteur Pierre Guénardà même été mandorisé en avril 2014) et regarde leur progression aussi magistrale que rapide avec beaucoup d’intérêt et de curiosité. Pour tout dire, je suis très amateur de ce que font ces trois garçons et je ne peux qu’espérer qu'ils aillent très loin. Il ne faut pas être devin pour constater que c'est déjà bien parti pour Radio Elvis. Le label [PIAS] (un des meilleurs de France), des concerts en pagaille, un album à venir (après deux EP)... la route sera longue et belle.

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Voici le nouveau clip de Radio Elvis, "Au Loin Les Pyramides", premier extrait du nouvel EP « Les Moissons » paru ce 10 juillet.

Voici quelques photos de l'après interview, le 24 juin 2015, sur la terrasse d'un café de Chatelet. Pierre Guénard et Colin Russel se prêtent (volontiers?) au jeu des clichés mandoriens.

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Florent Dasque de Boulevard des Airs : mini interview pour Bruxelles

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La formation Tarbaise, Boulevard des Airs, parcourt les routes depuis 10 ans. Après des centaines de concerts, un disque d’or, une nomination aux Victoires de la Musique, plus de 80 000 disques vendus, des millions de vues sur Youtube et de nombreuses rencontres, elle nous présente leur 3ème opus.On retrouve dans Bruxelles, le son qui a fait leur succès sur Cielo Ciego, leur précédent album et immense succès. Comme à l’accoutumée, ils ont conçu leur album tout seul. La gestation de ce disque a été nettement plus longue que pour le précédent, certainement parce que le groupe a composé deux fois plus de chansons. Treize titres ont été sélectionnés. Le groupe Boulevard des airs interprète des mélodies solaires, imparables avec une touche de modernité.

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J’ai fait la connaissance en mai dernier du capitaine du vaisseau BDA (comme on les appelle désormais). En effet, Florent Dasqueétait membre du jury du Pic d’Or, version 2015 (voir chronique à venir sur ce tremplin de chanson française la semaine prochaine). L’étant également (membre du jury), nous avons passé de nombreuses heures ensemble. Et j’ai découvert un type très sympathique et généreux. Je m’étais promis de le revoir dans sa ville pour le mandoriser. Ainsi fut fait le 14 juillet dernier. Nous nous sommes donné rendez-vous au Village du Tour de France (qui passait par Tarbes, ce jour précis).

florent dasque,boulevard des airs,bda,bruxelles,interview,mandorArgumentaire de « Bruxelles » :

« BRUXELLES » 3ème album et peut-être le meilleur ! La plume, toujours aussi honnête, s’est affûtée ; la simplicité se mêle à la dérision pour une écriture percutante. La chanson française « cuivrée » cohabite avec la fierté du flamenco, l’énergie des guitares saturées, l’efficacité des claviers et des machines. Ce disque est la parfaite synthèse de tout ce que le groupe est capable de faire et cela fonctionne ! Pour preuve on retrouve encore des invités croisés sur la route et qui ont été marqués par l’univers des BDA. «  «Pulpul » le chanteur de SKA-P et son engagement de toujours sur le titre « Quiero Soñar » et Zaz (mandorisée là) pose habilement sa voix sur « Demain de bon matin».

C’est une photographie d’un instant T de cette génération omnivore qui peut tout se permettre et leflorent dasque,boulevard des airs,bda,bruxelles,interview,mandor fait avec poésie. Les fans seront autant ravis que surpris par cet album et le public va encore s’élargir comme le laisse présager le succès que rencontre le 1er titre « Emmène-moi » (Virgin Radio, RTL 2, Hit West, Alouette etc.). On retrouvera évidement BDA sur les routes : en France, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, en Amérique du sud ou ailleurs pour proposer à des spectateurs toujours plus nombreux, une musique qui s’aime autant avec le cœur qu’avec  la tête…

Voici leur biographie officielle et une présentation de chacun des membres.

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Les deux chanteurs de Boulevard des Airs, Sylvain Duthu et Florent Dasque.

florent dasque,boulevard des airs,bda,bruxelles,interview,mandorInterview :

Votre troisième album se vend très honorablement et vos concerts affichent complet partout. J’imagine que Boulevard des Airs est heureux.

On est super content. Ce qui nous fait particulièrement plaisir, c’est que notre premier single « Emmène-moi » a très bien fonctionné depuis février en média. C’est ce qui a permis de maintenir l’engouement sur la première semaine de sortie de l’album. Il a été 9e meilleure vente en France. C’est trop tôt pour parler de grands succès parce que l’album est sorti il y a un mois.

(Je rappelle que nous sommes le 14 juillet. L’album est sorti début juin).

Dans cet album, on retrouve votre côté « festif », mais il y a aussi des chansons complètement différentes de votre répertoire habituel. Y a-t-il eu une réflexion poussée pour faire évoluer votre travail ?

Pas plus que ça. Même dans les deux premiers disques, il y a toujours eu beaucoup de métissages musicaux et d’éclectisme. Il n’y a jamais eu dix titres qui se ressemblaient. A tel point que les médias n’ont jamais su dans quelle catégorie nous ranger. On a la chance d’être nos propres producteurs et de faire ce que l’on a envie artistiquement. Peut-être parfois faisons-nous des montagnes russes et que quelques personnes se perdent. Ce qui nous plait réellement, c’est de mélanger les genres et les styles. Nous avons une grande liberté et une seule contrainte : se faire plaisir.

Clip officiel de "Emmène-moi".

Vous enregistrez dans votre propre studio, vous prenez donc le temps qu’il faut… c’est confortable de travailler ainsi ?

Nous prenons un an ou deux pour composer, écrire et enregistrer. Nous n’avons aucune pression et c’est un luxe. Il y a des chansons qui naissent en deux jours, d’autres en deux ans. On jette beaucoup et on ne retient que ce que nous estimons être le meilleur. Nous sommes heureux de constater que les gens apprécient la spontanéité qui en résulte.

Votre succès a été local, puis à présent national, voire européen.

Les deux premiers albums, nous ne les avions joués qu’en France, un peu en Espagne et dans les pays francophones comme le Canada.  Ce troisième disque est sorti en Allemagne. A ce propose, nous jouions là-bas encore hier soir à Dusseldörf. Bruxelles sort en Argentine à la fin de l’année…  on fait de la musique aussi pour que le fruit de notre travail s’exporte.

En Allemagne, les gens ne comprennent pas les paroles, c’est donc votre musique qui les séduit ?

C’est trop tôt pour analyser, mais c’est aussi certainement l’énergie et la spontanéité que nous dégageons.  Tu sais, en Allemagne, Zaz fait un carton monumental et les personnes qui viennent la voir ne comprennent pas un mot de ce qu’elle dit. C’est bien la preuve que la musique est universelle et que les textes n’ont pas besoin d’être compris pour que l’ensemble soit communicatif… et ça nous arrange bien.

Teaser de l'album Bruxelles (14 extraits en 7 minutes 32).

Tu parles de Zaz. Elle chante avec vous dans « Demain de bon matin ». C’est une histoire de marketing ce duo ?

Mais, pas du tout. Qu’est-ce que tu racontes ? Nous ne sommes même pas dans la même maison de disque. Nous nous sommes rencontrés à la gare de Brest.  Le soir, elle nous a entendues jouer « Cielo Cioego », notre premier tube, et elle est montée spontanément sur scène pour finir ce titre avec nous. Ensuite, nous avons discuté avec elle et nous l’avons invité sur un festival d’été l’année dernière.  Elle a chanté « Demain de bon matin » sur scène, on a trouvé sympa l’idée qu’elle participe aussi à la version de l’album. Elle a dit oui alors qu’elle a un emploi du temps pas possible.

Il y a une voix féminine qui vous a rejoint cette année, celle de Mélissa Doya.florent dasque,boulevard des airs,bda,bruxelles,interview,mandor

Là encore, c’est une histoire de rencontre. Sur un festival de flamenco, j’ai fait la connaissance de  Mélissa. Dans la conversation, elle m’annonce qu’elle a joué du saxophone au conservatoire. On avait besoin de quelqu’un qui jouait de cet instrument, donc, elle fait désormais partie de l’aventure. On ne peut pas se priver d’un tel talent vocal et d’une telle musicienne. On est content parce que le public trouve qu’elle a une superbe voix. Ça nous conforte dans l’idée que nous avons bien fait de la faire venir parmi nous.

Cet été, vous n’arrêtez pas !

C’est un peu agité en effet. L’album vient de sortir donc, nous le présentons au public. C’est ce qu’on appelle la tournée de chauffe. La vraie  tournée en France démarre le 7 octobre et l’été prochain, nous ferons une grande tournée des festivals français.

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Pendant l'interview.

Tous les membres du groupe sont très simples et gentils. On a l’impression que le succès ne vous change pas.

Je ne sais pas, c’est dans notre caractère. Nous sommes conscients de la chance que nous avons, mais nous connaissons aussi le caractère éphémère d’une éventuelle carrière. On essaie de profiter au maximum de ce qu’il se passe en ce moment, sans se prendre la tête. Nous nous rendons disponible, parce que ça nous parait évident.

Vous serez au Trianon à Paris le 20 novembre prochain. C’est une date plus importante que les autres ?

Oui, parce que c’est là où les grands médias viendront nous voir, nous le savons. On est attendu à Paris. Beaucoup vont vouloir voir ce que ce groupe de province vaut (rire).

Tu n’es pas trop crevé ?

Un peu, mais je ne me plains pas. Ce n’est que du plaisir…

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Après l'interview, le 14 juillet 2015, au Village du Tour de France à Tarbes.

Sollex : interview pour Chansons en roue libre.

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Romain Lefrançois, alias Sollex fait de la chanson en roue libre, un mélange séduisant de mélodies accrocheuses et de textes drôles et piquants. Il s’inscrit dans la lignée de Bénabar, Thomas Fersen (mandorisé là) ou Bobby Lapointe.

Il aime raconter des histoires, jouer avec les mots, camper des personnages hauts en couleur, embarquer les spectateurs dans son univers espiègle et décalé.

Le 24 juin dernier, nous nous sommes retrouvés dans un café parisien.

Biographie officielle (très largement écourtée):sollex,romain lefrançois,chansons en roue libre,interview,mandor

«Un adulte c’est un enfant qui a mal tourné.» Franquin.

Interprétées en solo, duo ou en trio, les chansons de Sollex interpellent l’enfant caché derrière la carapace de chaque adulte et ouvrent une parenthèse baroque, énergique et colorée vers un univers original.

En 2008, Romain sort des sentiers battus de l’open space où il travaille pour démarrer le projet SOLLEX. En souvenir d’un grand-père qui se rendait à l’usine de Bobigny en Solex et d’un père héritier du vélomoteur familial pour arpenter les rues de Paris, Romain reprend le flambeau 30 ans plus tard, mais lui rajoute deux « ailes » : deux ailes synonymes de liberté et d’évasion musicale.

sollex,romain lefrançois,chansons en roue libre,interview,mandorL’album :

Chansons en roue libre… est le premier album de Sollex. L’univers frais, espiègle, acide, grinçant et parfois déjanté de Romain qui s’adresse à des auditeurs de 4 à 104 ans appréciant la chanson dans ce qu’elle a de plus simple : des histoires, des émotions et de la fantaisie. Dans ce millefeuille musical, chaque chanson est une tranche de vie qui interpelle les grands comme les petits. Les textes qui dansent sur des rythmes variés, abordent la nostalgie, les rêves de gosses et les regrets d’adultes, l’amour, l’amitié, la mélancolie, la vie de bureau, la mer et les supers héros ! 

Dans cet album vous trouverez des sons et des bruits authentiques et insolites comme une « guitare baryton » (guitare désaccordée de 3 tons) en lieu et place d’une basse, une casserole, une sonnerie de four, un extrait de BFM dans la salle de bain de Laurent, des « frottements » sur un vieux jean de Romain pour imiter le bruit du train, plusieurs réveils matin et même le public du Trabendo lors du passage remarqué de Sollex entre les groupes Métal du Fallenfest… Vous découvrirez également la douce voix de Juliette Brousset sur « Coquillage et Nutella » et les diaboliques congas de Guilherme Alves sur « Batman ».

Chansons en roue libre… fixe pour l’éternité un ensemble de chansons qui ont leur propre histoire et leur origine autobiographique.

Ses chansons sont et.

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sollex,romain lefrançois,chansons en roue libre,interview,mandorInterview :

Tu as 34 ans. Tu chantes depuis combien de temps ?

J’ai commencé le piano à huit ans au conservatoire pour une raison bien précise. A la base, je voulais être danseur, avec et comme ma sœur. Mais la prof de danse m’a dit qu’elle ne prenait pas les garçons. Comme je suis très proche de ma sœur, j’ai voulu faire du piano dans le secret espoir de l’accompagner un jour. Pendant mes études de commerce, j’ai arrêté le piano pour me mettre à la guitare. C’est à ce moment que je me suis mis à chanter et à m’intéresser à la chanson.

Dans ta jeunesse, tes parents en écoutaient.

Oui, ça allait de Brassens à Barbara en passant par les deux Elvis, Presley et Costello. C’est marrant que l’on parle de ça, parce que j’ai en projet de faire des covers de gens qui m’ont marqué dans ma jeunesse. Des gens comme Vian, Higelin, Souchon. Je ne vais pas reprendre du Brassens, parce que, même si ça m’a marqué, ce n’est pas dans mon écriture, ni dans mon univers.

Je crois savoir que Bénabar a été un élément déclencheur…

A l’époque, on l’entendait beaucoup, ainsi que –M-. J’ai eu comme un déclic en entendant les chansons réalistes et humoristiques de Bénabar. Je me suis un peu reconnu en lui. J’ai donc voulu écrire des histoires et les mettre en musique. J’ai commencé en écrivant des chansons très délirantes sur des champignons ou des slips par exemple… enfin, tout ce qui me passait par la tête. Là, aujourd’hui, j’ai réussi à catalyser mes histoires. Je suis un peu plus « raisonnable ». Et encore, je n’en suis pas si sûr.

C’est vrai que la comparaison avec Bénabar n’est pas exagérée.

J’ai le même second degré. Je prends souvent les choses graves à la dérision. Avec la petite pointe d’humour et la spontanéité du texte, tout passe. Je ne suis jamais dans la boutade pour la boutade, il faut que cela me vienne naturellement.

Clip de "Coquillage et Nutella".

sollex,romain lefrançois,chansons en roue libre,interview,mandorQu’est ce qui a fait qu’un jour, tu as décidé de faire chanteur comme métier ?

Avant de m’essayer à cette profession un peu casse-gueule, je faisais des études de commerce. J’étais destiné à faire du marketing. En travaillant dans ce monde-là, je me suis aperçu que je passais la moitié de mon temps à écrire des chansons. Chaque réflexion dans les openspaces me donnaient envie d’écrire une chanson sur le thème abordé. Je me suis dit que ça ne pouvait plus continuer ainsi. Il fallait que je fasse un choix. Mon entourage m’a incité à me lancer.

Alors, on se lance comment ?

On lâche le guidon et on y va. Je suis allé chanter dans les bars avec je ne sais quel tour de chant pas très cohérent. Comme je n’avais pas assez de chansons au départ, je faisais pas mal de reprises. J’essayais de comprendre comment les choses fonctionnaient. La première chose que j’ai faite professionnellement, c’est d’envoyer une démo pour Le Printemps de Bourges. C’était l’occasion de réaliser ma première maquette avec des chansons que je ne joue quasiment plus. Du coup, je me suis servi de cette maquette pour trouver des dates. Et voilà !

Ton truc, c’est la scène.

Les gens me le disent à chaque fois. Mes chansons et moi, nous prenons toute notre dimension sur une scène. On me croise, je ne paie pas de mine. Je suis un peu gringalet et j’ai la gueule du premier de la classe. Sur scène, je me sens vraiment moi.

J’adore ce genre de contraste chez les artistes.sollex,romain lefrançois,chansons en roue libre,interview,mandor

Je me transforme et je pars complètement en vrille.

Ce nom, Sollex, ce n’est pas hyper sexy !

Au départ, quand j’ai envoyé ma première maquette, je ne voulais pas le faire sous mon nom, Romain Lefrançois. Je voulais un nom d’artiste et Sollex est sorti tout seul. En réfléchissant sur le pourquoi du comment, je me suis souvenu que mon grand-père me parlait beaucoup du solex qu’il avait et que mon père lui aussi en avait hérité d’un. J’ai repris inconsciemment un truc familial, ce n’est pas plus compliqué que cela.

Avoir un pseudo permet de faire le distinguo entre sa vie normale et sa vie d’artiste ?

C’est un métier où l’on devient un peu schizophrène. Dans la vie civile, il y a forcément, par l’éducation, des barrières à ne pas franchir. On ne peut pas tout faire et dire. La scène, par contre, est un espace de liberté infini. Je pense même que pour préserver cette folie qu’on a sur scène, il faut savoir se contenir dans la vie pour pouvoir exploser devant le public. Si j’étais dans la vie comme je suis sur scène, complètement barré, ce serait fatiguant pour les autres.

"Yes, we can", extrait du live au festival "En attendant le jour J"à l'Espace Christian Dente. Son et images ACP Manufacture Chanson.

Ton album démarre de manière « chanson française traditionnelle », mais très vite, musicalement et textuellement, tu nous surprends.

Se surprendre soi-même et surprendre le public permet de ne pas s’ennuyer. Il y a quinze chansons et on aurait pu en avoir dix-neuf, mais pour une meilleure cohésion de l’album, on a fait le choix d’en retirer. Que ce soit sur l’album ou sur scène, j’aime faire des plages qui soient cohérentes, puis faire des contre-pieds. Il n’y a rien de pire que de ne pas être surpris à un concert. L’autoroute endort, les chemins de traverses stimulent. Dernièrement, j’ai regardé un concert de Brel, le maître de l’interprétation et du live, et j’ai remarqué qu’il utilisait tout le temps des contre-pieds. Il passait de chansons rigolotes à une chanson qui te mettait une énorme claque. Le contraste est primordial pour toucher les gens et ne pas les perdre en route.

L’humour et l’ironie que tu as sur scène, l’as-tu dans la vie ?

Oui. C’est beaucoup pour supporter la vie. Si on n’a pas d’humour, si on n’a aucun recul sur soi ou sur ce qu’il se passe autour, ça devient un peu difficile. L’humour, c’est aussi la capacité à savoir ne rien faire, se poser, prendre du recul et savoir s’ennuyer.

J’adore la chanson « Batman ». A la fin, il casse tout dans le studio.

C’est mon passage préféré sur le disque. Batman, le seul superhéros qui n’a aucun super pouvoir. Oui, mais il a beaucoup d’argent. Il s’achète de supers bagnoles et du super matos et il se débrouille avec tout ça. Cela dit, il se bat bien. Mais sa relation avec Robin est louche (rire).

Dans « Mamie », une chanson très drôle et tendre à la fois, ta mamie te fait danser sur de la tektonik. Est-ce bien raisonnable ?

Mon grand-père a fini ses jours dans une maison de retraite, j’étais vraiment à son chevet quand il est parti. J’ai trouvé ces lieux-là tristes et déprimants. Les vieux sont suivis, il y a un cadre, ne sont donc pas abandonnés, mais quand même. L’endroit est un peu glauque. Mais dans la chanson dont tu parles, je leur rends hommage d’une certaine façon. Je positive la vieillesse. J’aime les personnes âgées et cette chanson n’est pas faite pour se moquer d’eux, au contraire. J’ai voulu qu’elle leur donne de l’espoir.

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Que pense ta famille de ce que tu fais ?

Tout le monde me soutient, même si parfois, ils sont inquiets. Ils voient que je me démène et  constatent aussi que j’ai le feu sacré, la passion absolue pour ce métier. Pour la petite histoire, quand j’ai choisi de me lancer dedans, au bout d’un an, ma mère m’appelle pour savoir si j’avais fini mon année sabbatique. Elle n’avait pas compris que c’était sérieux. En vrai, si je ne crée pas, que ce soit de la chanson, du dessin ou d’autres choses, je suis malheureux. Je crois qu’aujourd’hui, mes parents ont compris que j’étais un artiste. Que je suis né comme ça. Etre artiste, c’est une façon d’être et beaucoup de travail.

Et que pensent-ils de l’album ?

Par rapport à d’où je suis parti, les premières maquettes qu’ils ont entendu, ils sont rassurés. Je leur ai fait écouter le disque complètement terminé. Ils ont été surpris et conquis du chemin accompli. Ils ont hâte de voir la suite.

Ils t’ont vu sur scène ?

Oui. Ils viennent le plus souvent possible. Quand ils me voient en concert, ils ne me reconnaissent pas. Ma sœur et mes parents ont l’impression de voir un autre frère, un autre fils. Ils voient Sollex et non Romain. Ils font la différence.

Il y a un peu de Thomas Fersen et d’Oldelaf (mandorisé ici) en toi, non ?

Tu viens de citer deux artistes que j’aime beaucoup. J’apprécie le compliment à sa juste valeur.

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Quels sont les jeunes d’aujourd’hui dont tu as remarqué le travail ?

J’aime bien un jeune artiste qui s’appelle Guillaume Farley. Il a une voix et des textes fantastiques. Je le trouve épatant. Il y a aussi le trio Orlando, dont je trouve le travail intéressant. J’aime leur univers, leur folie et leur professionnalisme sur scène. Ils en jettent immédiatement. Ils sont impressionnants. Sinon, j’écoute aussi beaucoup Karpatt que j’ai découvert quand j’ai commencé à écrire des chansons. Leur premier album, A l’ombre du ficus, est une pépite.

Chez les plus anciens, hormis, Brel, Brassens, Barbara ?

J’aime Dick Annegarn et Pierre Vassiliu. Le Gainsbourg du début aussi. Le côté acide du « Poinçonneur des Lilas » par exemple. Il y a un second degré au vitriol que j’apprécie beaucoup. Mais mon papa spirituel, celui qui a bercé mon enfance, c’est Jacques Higelin. Je me suis beaucoup penché sur son travail. C’est vraiment un artiste complet. Il a cette générosité sur scène que j’espère donner aussi un jour. Je tente déjà.

Tu travailles sur un prochain EP ? 

Oui. On va sur une énergie un peu plus rock et j’essaie d’aller toujours plus loin dans le second degré.

Tes chansons sont parfois autobiographiques ?

Oui, mais souvent très déguisées.

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Michel Kemper, sur le site de Nos Enchanteurs a dit de toi, de mémoire, que « tu ne faisais pas de la chanson engagée, mais engageante ». C’est une jolie formule qui te correspond parfaitement.

Oui. J’adore. Je penche plus du côté de Vian que de Zebda. Quelle subtilité quand Bris Vian écrit « Le déserteur ». Textes et mélodies magnifiques. L’ensemble est très élégant. La classe absolue.

Toi aussi, tu dis des choses. Sur l’enfance, la vieillesse, la société, le monde du travail, par exemple.

Si les gens veulent bien écouter les choses. Parfois, ils s’arrêtent au premier degré et si on s’arrête au premier degré on passe à côté de ce qu’est vraiment Sollex.

Es-tu confiant pour ton avenir musical ?

Je suis un pessimiste optimiste. Quand je vois le monde, je suis pessimiste et en même temps, j’ai une force de vie qui me rend optimiste, sinon, je ne ferais pas ce que je fais. Je suis confiant en mon avenir à partir du moment où on travaille, on réfléchit, on prend un peu de recul et on ne fonce pas tête baissée. Je ne veux pas m’enfermer et regarder mon nombril. Je veux m’ouvrir de plus en plus. Ce qui me donne confiance, aussi, c’est que je suis soutenu par ma femme et par mes deux petits enfants… et ça, c’est précieux. Mon petit garçon de cinq ans veut écrire des chansons avec moi. Ça me donne la niaque. 

sollex,romain lefrançois,chansons en roue libre,interview,mandorAprès l'interview, le 24 juin 2015, sur la terrasse d'un café parisien.

Frank Darcel : interview pour l'EP de Republik (et l'album Elements... à venir)

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(Photo : Philippe Boulben)

franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorFranck Darcel (à gauche, au début des années 80, avec Etienne Daho et Arnold Turboust), je le connaissais comme le créateur et leader du groupe rennais Marquis de Sade et comme le réalisateur des deux premiers albums d’Etienne Daho. Je savais qu’il continuait à jouer de la musique à droite à gauche… mais pas grand-chose d’autre.

Un jour, j’ai reçu l’EP de Republik. Du rock à l’américaine des années 70. Pas ma musique de prédilection, mais il se dégage quelque chose de puissant et d’envoutant dans ces quatre morceaux. Puis je remarque que Franck Darcel est le créateur, leader et chanteur du groupe. Son attachée de presse (que j’apprécie beaucoup), Sissi Kessaï, me demande si je suis intéressé de le rencontrer en vue d’une mandorisation. On ne refuse pas un musicien qui a marqué le rock français. Et j’étais curieux de me retrouver face à cet homme qui me paraissait un peu rustre et peu enclin à répondre aux interviews. En réalité, le 3 juin dernier, c’est un homme à l’exact opposé à qui j’ai posé des questions (sacré à priori !)

Biographie : Les premiers éléments (par Antonio de Bragança) :

Ancien guitariste de Marquis de Sade et d’Octobre (qui avait comme lead vocal Pascal franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorObispo... voir photo à droite), producteur entre autres d’albums d’Étienne Daho, d’Alan Stivell, GNR au Portugal ou très récemment de James Chance, Frank Darcel revient à ses premiers amours : la guitare électrique. Le nouveau Republik, groupe dans lequel Darcel assure maintenant également le chant, cite parfois l’errance des dowtown rockers d’une ville fruit qu’on imagine éternelle. Rien de nostalgique ici pourtant puisque le projet se nourrit autant des chutes de murs et autre changement de siècle et compte sur les mordants Stéphane Kerihuelà la guitare, Eva Montfortà la basse et Federico Climovichà la batterie.

franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorÀ l’écoute de ces quatre titres annonçant l’album à venir de Republik, Elements, on pense à d’autres films, tournés en ocre et gris, avec des pointes de bleu, des films existant ou pas encore tournés.

« Saleen », balade aux accents faulknériens, frappe juste d’entrée avec ce soupçon d’electro et une mélodie imparable servie avec sensualité par la chaude voix du rocker rennais. Sur l’habité « Winter Of Love », ce n’est ni plus ni moins la section rythmique de Talking Heads et Tom Tom Club qui se mêle avec brio à la partie, quand Tina Weymouth officie à la basse et Chris Franzà la batterie. Dans cet hiver de l’amour qui évoque une ville qu’on ne peut quitter, Tina Weymouth prend aussi les chœurs en main avec son amie Wendy James. Vient ensuite « Reality », insolente saillie rock’n roll, imaginée par Darcel en hommage à son ami Jacno. Le quatre titres, pris d’une nostalgique et toute lisboète langueur, s’achève par le sombre et écorché « Move », serti par les claviers d’Adriano Cominotto.

Une des expériences les plus originales et excitantes du rock hexagonal et de ses extensions atlantiques.

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(Photo : Philippe Boulben)

franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorInterview :

Qu’avez-vous fait ses dernières années avant de créer Republik ?

J’ai vécu une partie des années 90 au Portugal. Je me suis retrouvé là-bas à produire une artiste française au début des années 90, Arielle. J’ai découvert Lisbonne que je connaissais très peu et je suis tombé amoureux de la ville. Du coup, j’ai essayé de voir s’il n’y avait pas moyen de travailler pour des groupes portugais. L’opportunité m’en a été donnée en 1993. J’ai produit un groupe de cette ville et le titre que nous avons fait est devenu un très gros tube radio. C’est même devenu l’hymne des supporters du Benfica. C’est mon premier disque d’or portugais.

En 1995, vous décidez de vous installer là-bas.

Pour Sony, j’ai commencé à travailler avec un artiste qui s’appelle Paulo Gonzo. On a fait cinq albums ensemble. C’est un peu le Eros Ramazzoti portugais. Avec le deuxième album, nous avons été numéro un pendant six mois. J’ai vécu là-bas en famille et je suis rentré en 2000. Entre temps, j’ai fait un peu de musique capverdienne, du fado. J’ai travaillé aussi avec un groupe de Porto qui s’appelle GNR. Vu de France, il est logique que j’aie été porté disparu de la scène puisque je n’y étais plus.

franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorQu’avez-vous fait en rentrant en France en 2000 ?

J’ai produit un album d’Alan Stivell, Back to Breizh. Ça m’a plu parce que c’était une manière assez sympa de revenir en Bretagne. Après, j’ai eu un petit accident d’oreille. Des acouphènes, à cause d’une sirène d’alarme. J’ai donc dû m’écarter des studios pendant quelques années. Je ne pouvais plus écouter fort. Je n’osais plus m’approcher d’une guitare parce que je savais que ça allait siffler un peu plus. A l’écart du monde musical, j’ai démarré une petite carrière de romancier avec un livre qui est sorti chez Flammarion, Le dériveur.

Ce n’était pas votre premier roman, il me semble.franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandor

En effet, j’avais écrit un roman à Lisbonne. Un ami, critique littéraire l’avait lu et trouvé pas mal. Il m’a mis en contact avec Flammarion. Je racontais ma vision de Lisbonne, c’était un peu mystique et, du coup, ça ne tenait pas vraiment debout. L’éditrice n’avait pas trop aimé, mais elle m’a demandé d’écrire quelque chose que je maîtrisais plus, comme par exemple, mon retour en Bretagne.  J’ai pris comme base la ville de Lorient et j’ai raconté l’histoire d’un ancien commando marine qui part en errance aux Etats-Unis. J’ai écrit ce livre en deux mois en demi et il a été publié. J’ai eu des bonnes critiques et on en a vendu un peu. Mon éditrice m’en a demandé un deuxième. A l’époque, je continuais à faire de l’édition musicale, ça m’évitait d’aller en studio, mais me permettait de rester en contact avec la musique. Je n’ai donc pas écrit de deuxième roman, mais j’ai proposé de retravailler mon premier roman portugais. Il a fini par sortir sous le titre L’ennemi de la chance, mais je pense que c’était une erreur de ma part de revenir sur ça.

franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorParlez-moi de, Rok, l’anthologie du rock en Bretagne.

Je me suis dit qu’en Bretagne, il y avait quelque chose à raconter sur l’épopée du rock depuis le départ. La première vague rennaise vient du groupe dont je faisais partie, Marquis de Sade.  C’est autour de notre groupe que les Trans Musicales de Rennes se sont fondées. En discutant avec des musiciens du coin, je me suis rendu compte que des villes portuaires comme Brest et Saint-Nazaire avait eu une histoire très particulière avec le rock’n’roll. Saint-Nazaire, grâce à la base américaine qui était là. On a fait un vrai travail d’historien incluant des enquêtes universitaires. Ce projet complètement fou s’est avéré ne pas tenir en un tome. Le tome 1 est sorti en 2010 et raconte les années 60, 70 et 80. Le tome 2 est sorti il y a deux ans et raconte les années 90 à nos jours.

Vous qui avez été un agitateur musical de la scène rennaise, vous la suivez toujours de près ?

A Rennes, entre les anciens et la jeune vague, il y a très peu de liens. On ne fréquente pas les mêmes endroits, car il manque un endroit fédérateur où tout le monde pourrait se retrouver. Le fait que j’ai monté Republik depuis quelques mois a pour conséquence que nous nous retrouvons un peu en compétition.

Vous venez d’employer le mot compétition. C’est une compétition avec les autres groupes ?

Oui et c’est assez sain. Au début des années 80, il y avait beaucoup moins de groupes à Rennes, mais on se tirait un peu la bourre… ce qui était normal. Quelque chose a changé aujourd’hui. Comme les projets permettent moins aux jeunes de vivre de la musique, ils ont tendance à jouer dans plusieurs groupes. Ca complique énormément les choses au niveau des emplois du temps et à l’esprit de corps. Avant, quand on appartenait à un groupe, on le défendait à fond. Ça s’est un peu perdu. Quand on voit le même batteur ou le même guitariste dans trois groupes différents, on ne sait plus trop avec qui il joue.  

Selon vous, cela représente quoi Franck Darcel pour les jeunes musiciens rennais ? franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandor

Je sais que le groupe rennais Montgomery, dont je m’occupais et qui a sorti deux albums chez Naïve, était des grands fans de La Notte, la Notte d’Etienne Daho. Ils écoutaient souvent cet album et ils savaient que j’en étais le réalisateur. Je sentais qu’ils avaient du respect pour moi. Sinon, pendant les années 90, lors de ma période portugaise, quand je revenais à Rennes,  je crois que Marquis de Sade ne pesait plus grand-chose. C’est quand l’émission Les enfants du rock d’Antoine De Caunes a été mis sur YouTube en 2004 que les jeunes rennais ont pu voir ce que l’on représentait et ce que l’on faisait sur scène. Sans internet, je ne sais pas si le « mythe », entre guillemet, aurait pu durer longtemps.

franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorMarquis de Sade a été un des premiers groupes de rock français important. Et pas qu’à Rennes !

On a dû un peu marquer l’époque, mais, en même temps, nous n’étions pas si nombreux que cela à faire ce genre de musique.

Mais, comment expliquez-vous que vous êtes devenus mythiques ?

Quand on s’arrête au bout de deux albums, en phase ascendante, il n’y a rien de mieux pour laisser un bon souvenir. Aujourd’hui, à Rennes, on reparle de nouveau de nous avec un certain respect.

Vous revenez avec Republik.  Ça n’a rien à voir avec Marquis de Sade, mais c’est un groupe tout de même très électrique, tendance années 70.

Depuis Marquis de Sade, en matière de rock, j’ai toujours été plus intéressé par ce qu’il se passait à New York que par ce qu’il se passait à Londres. J’avais la chance d’avoir un oncle d’Amérique qui vivait à New York. Dès 1975, j’ai commencé à aller là-bas. J’ai passé l’été 1978 à aller voir tous les groupes. J’ai été très influencé par eux. Richard Hell, Television, Talking Heads. Je reste dans cette mouvance-là.

Clip officiel de "Saleen".

Republik a changé plusieurs fois de formule.franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandor

Au départ, je ne me destinais pas au chant. J’avais peu d’expérience dans ce domaine, à part en tant que choriste. J’ai commencé à faire venir une section rythmique, puis on a répété et petit à petit, on est arrivé à une formule qui me paraissait intéressante. J’ai cherché un chanteur sur MySpace et on en a trouvé un. J’ai fait venir à la guitare Xavier Géronimi qui est un vieux compère, avec qui on a fait les premiers Daho, qui a été un guitariste de Bashung et qui est venu travailler avec moi au Portugal. Cette formule-là a trouvé ses limites assez rapidement. On a fait quelques concerts, dont un Nouveau Casino à Paris. Il y avait du monde, mais je crois que le groupe n’avait pas vraiment d’identité. Je l’ai donc mis en stand-by un moment. Comme le chanteur que nous avions jouait dans deux autres groupes, lorsque nous  voulions répéter plus, il n’était jamais là. Partager un batteur avec une autre formation, c’est faisable, mais partager son chanteur, ça devient plus compliqué. J’ai fini par me mettre à chanter.

Vous avez sorti un premier quatre titres, il y a trois ans.

Jean-Louis Brossard des Trans Musicales l’a écouté et nous a programmés en 2013. On n’avait plus de bassiste à l’époque. Le guitariste solo a invité Eva Monfort, une jeune fille qui joue très bien de la basse. Comme les Trans se sont bien passés, on s’est dit qu’on allait revenir dans cette configuration sérieusement.

franck darcel,republik ep,elements,marquis de sade,mandorDans ce deuxième EP, il y a des invités, notamment, Chris Franz et Tina Weymouth, la rythmique de Taking Heads.

Il y avait une espèce de légende urbaine qui disait que Tinaétait originaire du coin. Gilles Le Guen, qui a écrit dans le tome 2 de Rok, l’anthologie du rock en Bretagne, connaissait des gens qui connaissaient bien Tina et Chris. Il a envoyé un mail et un jour Tina a répondu qu’elle était bien originaire du coin. On s’est vu un été à Paimpol et nous sommes devenus très potes rapidement. J’ai été les voir eux Etats-Unis, puis eux sont venus nous voir en studio l’année dernière, alors que nous étions en plein enregistrement. Ils ont voulu écouter et ils ont trouvé que c’était vraiment bien. J’ai demandé à Chris s’ils joueraient sur un titre. Il nous a demandé de lui envoyer le titre en question. Début septembre j’ai reçu les sessions de« Winter of love ». En plus, Tina a fait des chœurs, ce que je ne lui avais pas demandé. J’ai trouvé ça génial. Avec les anglo-saxons, les choses se font naturellement.

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Pendant l'interview...

Cet EP est l’avant-première de l’album à venir, Elements.

On devrait le terminer incessamment. James Chance ou encore Yann Tiersen ont participé, eux aussi, à l’album, en plus des guitaristes Xavier Géronimi et Yann Le Ker. On prévoit qu’il soit dans les magasins vers la fin du mois d’octobre. On a sorti le clip en janvier, l’EP en juin et l’album sort en octobre. On fait avancer le projet Republik lentement, mais sûrement.

Vous êtes quelqu’un d’important dans le monde de la musique française et on a l’impression qu’avec ce projet, vous redémarrez à zéro, comme un débutant. Ce n’est pas un peu difficile parfois ?

Il y a toujours beaucoup de remises en questions. J’ai été dans des tas de projets. Certains ont marché, d’autres pas. J’évolue dans ce milieu de la musique toujours avec humilité. Je ne peux pas dire que je recommence tout à fait à zéro, car mon nom m’apporte tout de même quelques facilités, soyons honnête. Avoir Tina et Chris, par exemple, n’aurait pas été possible sans mon background. Accéder à quelques médias aussi, parce que je ne suis pas un inconnu. Il y a un effet de curiosité des journalistes. Comme vous par exemple.

Tout à fait. Avez-vous eu des premiers retours sur cet EP ?

Ce que j’ai lu ces dix derniers jours est en tout cas très encourageant. Ça bouge aussi en radio. C’est trop tôt pour être complètement optimiste…

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Pendant l'interview le 3 juin 2015, à l'agence.

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Laurent Kebous et Napo Romero : interview pour Les Hurlements d'Léo chantent Mano Solo

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Mano Solo est au centre d'un album/hommage imaginé par le groupe Les Hurlements D'Léo avec une pléiade d'invités. Les Hurlements d'Léo chantent Mano Solo est une belle somme "dans l'esprit de..." qui rassemble autour du chanteur libertaire toute une famille de musiciens alternatifs.Ils ont puisé largement dans le répertoire des débuts (pas moins de dix titres sont extraits de son premier album) et des Frères Misère, son éphémère groupe de punk. Epaulés par les compagnons de route du sieur Solo– dont le guitariste de tous ses groupes, Napo Romero - et une belle brochette d'invités issus pour la plupart de la scène festive (Les Ogres de Barback (mandorisés là), Debout sur le Zinc, Babylon Circus, La Ruda…)

Le 25 juin dernier, j’ai pris un café en compagnie de Laurent Kebous (chanteur leader des Hurlements d'Léo) et de Napo Romero (guitariste des Gutter Rats, des Chihuahuas et des Frères Misère, les trois groupes qu'a emmené Mano Solo en marge des disques en son nom).

les hurlements d'léo,les hurlements d'léo chantent mano solo,laurent kebous,napo romero,mano solo,interview,mandorArgumentaire de presse :

Chanter Solo. A huit. Hurler sa rage, porter son énergie rock, distiller sa poésie héritée des plus grands auteurs français. Cela ne pouvait qu’être eux. Les Hurlements d’Léo s’attaquent à Mano, en petits frères de la même trempe. Celle qui noue le ventre et illumine les rires.

Celle qui rend la vie plus intense. Celle qui ne se résigne pas à voir les fascismes en tous genres ramper dans les cerveaux d’une France malade de ses peurs. Celle dont les colères se chantent haut et fort. Les Hurlements ne pouvant penser que collectif, l’idée d’enregistrer les chansons avec des invités fait rapidement son chemin. Sur des cuivres délicats, Nilda Fernandez (mandorisé ici)apporte une belle sensualité à « Allo Paris », la grande Francesca Solleville porte « Le monde entier » avec une tremblante intensité. Romain Humeau (Eiffel) dépose « Le limon » avec une grâce touchante.

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Ne pas se fier à leur ragga lent aux senteurs d’orient : les Toulousains de Zebda (mandorisé ici) regardent « Les habitants du feu rouge » avec la même fraternité déchirée. Et déchirante. La copine Mell (mandorisée là (« Y’a maldonne »), l’incandescente Melissmell (mandorisée ici) (« La rouille »), le compagnon de route bordelais Bertrand Cantat (« Allez viens »), les potes des Ogres de Barback (« Sacré cœur »), les copains de Debout sur le zinc (« Une image ») et les autres…

Derrière chacun dans le studio, les Hurlements épaulés de Napo Romero toujours, assurent une toile de fond à la couleur musicale commune donnant aussi au disque sa cohérence dans sa diversité.

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les hurlements d'léo,les hurlements d'léo chantent mano solo,laurent kebous,napo romero,mano solo,interview,mandorInterview :

Laurent, c’est toi qui es l’initiateur de ce projet. 

Laurent Kebous : J’ai eu cette idée dans un camion, à la fin de la tournée « Bordel de luxe ». J’ai lâché ça en ne sachant pas trop avec qui j’allais le faire, ni comment. Les autres membres du groupe m’ont dit qu’ils étaient bien chauds pour participer à l’aventure eux aussi. Ça m’a fait plaisir de monter ce projet avec cette famille-là. Au départ, je voulais enregistrer ce disque avec plein de gens de l’extérieur… mais c’est très bien que cela se soit déroulé ainsi.

Quand les Hurlements d’Léo ont dit qu’ils participaient, il a fallu mettre le projet en route.

Laurent : Le rendez-vous qui a été primordial, c’était celui avec Fatia. La manageuse de Mano Solo a été la clef qui a ouvert toutes les portes. On s’est donné rendez-vous à Paris et on a discuté pendant trois heures.

Tu voulais son accord ?

Laurent : Non, je voulais lui dire que l’on voulait faire ce projet, je voulais aussi lui parler du parcours des Hurlement d’Léo et pourquoi on en était arrivé là. Mais, elle a trouvé notre démarche intéressante et nous a promis de la soutenir. Cela dit, je tiens à préciser que le répertoire de Mano Solo ne nous appartient pas et que nous ne sommes pas les gardiens du temple. Tant mieux si un autre projet autour de Mano Solo voit le jour.

C’est Fatia qui t’a mis en contact avec Napo Romero, le guitariste de Mano Solo et de sesles hurlements d'léo,les hurlements d'léo chantent mano solo,laurent kebous,napo romero,mano solo,interview,mandor groupes.

Laurent : J’appelle Napo et on parle un long moment. Nous nous étions déjà croisé sur des festivals, mais sans plus. En parlant, on se rend compte que nous avons des idées et des idéologies communes.

Vous l’avez donc inclus dans le projet ?

Laurent : On a laissé faire les évènements et les choses se sont mises en place. Quand Napo est arrivé, le projet a pris vie avec tous les protagonistes et c’est devenu ce que tu connais aujourd’hui.

Napo, quand Laurent t’a parlé de ce projet, tu as pensé quoi ?

Napo Romero : A ce moment-là, j’avais dans l’idée de remonter les Frères Misère, l’un des groupes de Mano dont j’étais guitariste. Mano étant parti en 2010, j’estimais que le temps de deuil était passé et que c’était le moment de faire quelque chose pour lui rendre hommage. J’ai donc proposé à Laurent de créer des co-plateaux Hurlement d’Léo / Frères Misère. Mais très vite, je me suis rendu compte que Frères Misère, ce n’était pas pour demain et que son projet à lui était bien pour demain.  

Mano Solo reprend en public un titre de l'album des "Frères Misère", groupe dont il était la voix et le parolier. "Je me suis fait du mal" (Mano Solo / Frères Misère, Polygram, 1996).

Avec Mano Solo, vous vous êtes connus jeunes ?

Napo : On avait 17 ans. Nous avons eu de rapports assez spéciaux. De douleur, d’amour, de combat, de haine… on a tout connu, tout traversé. Je suis super content parce qu’avec ce projet, je retrouve un truc là où je l’ai laissé. Moi, j’ai travaillé pour les deux premiers albums de Mano et l’album des Frères Misère et, il se trouve que les Hurlement d’Léo, dans leur choix de morceaux, ont surtout choisi des morceaux de ces trois albums.

Laurent : Avec Erwan Naour, avec qui j’ai monté les Hurlements d’Léo,  nous avons appris à jouer sur des chansons de Mano Solo du premier album. C’est un peu lui qui nous a permis de nous décomplexer par rapport à l’écriture et à aller vers cette poésie crue, lucide et ancrée dans son temps. Les deux premiers disques et l’album des Frères Misère, c’est vraiment ce qu’on a préféré de cet artiste.

Napo : Je voudrais ajouter qu’il y avait un grand intérêt pour moi de rencontrer une génération de musiciens que j’avais laissé échapper. Je connaissais Les Hurlements d’Léo, Les Ogres de Barback, toute cette mouvance, mais juste de nom. Avec ce projet, j’ai la chance de les connaître de l’intérieur. Cette génération-là est un peu héritière de Mano Solo ou de Renaud, des gens qui disaient des vraies choses et surtout rien d’inutile. Ils enlevaient leur pudeur pour pouvoir le faire.

Mano Solo chante "Trop de silence" en 1995 au Bataclan.

Laurent, tu as rencontré Mano Solo une fois, je crois ?

Laurent : Oui, c’était en 1997, à Vitrolles. Une salle de spectacle, Le Sous-Marin, a été fermée par le Front National dès qu’ils ont pris les clefs de la ville. Les associations militantes sur place se fédèrent. Elles louent un chapiteau et l’installent à la limite de la ville, juste devant le panneau Vitrolles. Ils organisent quatre jours de débats et de concerts. Mano est invité et nous aussi. On se croise et on discute dix minutes. Cet entretien a été très furtif.  Le gars n’était pas là pour rien et c’est de cela que nous avons parlé. Se servir de sa musique et de ses propos pour défendre ou combattre quelque chose, c’était son credo.

C’est le rôle de l’artiste ?

Napo : Oui, le rôle de l’artiste, c’est un rôle de journaliste. On écrit sur son temps et on parle de ce que l’on voit et de ce que l’on ressent.

On peut considérer que le reste peut exister ? Faire de la musique pour divertir ou détendre…

Laurent : Oui, ce n’est pas notre cas, comme tu le sais. On prend position pour ou contre des choses.

Napo : Les Hurlements d’Léo n’est pas un groupe engagé, c’est un groupe qui s’engage.

Laurent : On est impliqué. On vit notre temps et on voit ce qu’il se passe, donc on en parle. Parfois, ça fait un peu chier les gens, mais il n’y a pas que ça sur une heure et demie de concert. On a aussi de très belles chansons d’amour. Les mecs qui parlent de leur nombril toute la journée et qui envahissent les ondes, ils nous pourrissent les esgourdes, je suis désolé.

Napo : En ce moment, en France, on est avec des ennemis. Les fascistes sont des ennemis. Historiquement, ma famille a quitté l’Espagne avec Franco et moi, aujourd’hui, je me demande si je vais devoir quitter la France quand le FN sera au pouvoir. Merde ! Il y a un moment où tu ne peux pas ne rien dire. Toute ma vie, je me suis battu contre les fascistes et contre les Lepen. Quand je vois où nous en sommes aujourd’hui, je me dis qu’on a bien fait de combattre, sinon, ce serait encore pire. On ne peut pas ne rien dire. On ne peut pas venir chanter sa petite chanson d’amour à la télé ou à la radio. Il faut prendre la parole dès que c’est possible. Le peuple a besoin de parler et les artistes sont aussi les représentants du peuple.

As-tu l’impression que l’artiste est mal vu aujourd’hui dans la société?

Napo : Mais tu as vu le statut de l’artiste ? On est déconsidéré sur tous les points de vue. Nous, les intermittents du spectacle, nous sommes des profiteurs du système. Nous sommes devenus des bobos… Avec tous les gouvernements de droite successifs, on s’en est pris plein la gueule. Et tous les métiers de l’art, c’est comme ça. Je veux prendre la route et chanter des chansons d’amour et des chansons révolutionnaires. Je suis désolé, je ramène tout à ça, mais on n’en peut plus. J’ai envie de gueuler.

Laurent, tu es moins radical que Napo, il me semble ?

Laurent : Je le suis autant, mais pas de la même façon. Avec mon autre groupe, El Comunero, on fait des chants révolutionnaires espagnols. J’ai cette soupape pour gueuler au monde entier que ça va mal.

Napo : Je te parle de ça parce que, pour moi, Mano Solo, c’est aussi ça. C’est quelqu’un qui dit ce qu’il pense au moment où il le pense. J’ai l’impression que tout le monde fait des chichis et que personne ne dit la vérité. On enjolive tout, on fait gaffe de ne vexer personne. Un artiste n’a pas à se préserver pour conserver son public. On n’est pas artiste pour vendre des disques.

Teaser #1 de l'album Les Hurlements d'Léo chantent Mano Solo.

En tout cas, c’est bien de permettre que l’œuvre importante de Mano Solo soit connue d’une nouvelle génération.

Laurent : On voulait toucher le plus largement possible un auditoire qu’il n’avait plus beaucoup à la fin. C’est pour cela qu’il y a beaucoup d’invités. Mano, il a été plébiscité plus pour sa maladie que pour sa musique. Beaucoup de femmes adulaient ce mec dans les concerts. Il était beau, flamboyant et il criait à tout le monde qu’il était en train de crever, mais qu’il était plus vivant que tout le monde. Il donnait une énergie incroyable à ceux qu’il rencontrait et à ceux qui venaient le voir en concert. Il en avait ras le bol que les médias ne parlent que de son Sida et pas de ses chansons. A la fin, je crois que Mano Solo était boudé des ondes parce qu’il critiquait trop le système médiatique.

Napo : C’était un artiste difficile. Lui-même était un outsider dès le départ. Il était parfois un peu extrême.

Sur le disque, je ne m’attendais pas à trouver un groupe comme Zebda.

Laurent : On s’est connecté avec eux, on a discuté et on s’est aperçu que la femme d’Akim, un des chanteurs du groupe, aime beaucoup Mano Solo. Du coup, ils nous proposent de changer le morceau qui leur avait été attribué. Ce que nous avons accepté. Ils ont vraiment fusionné leur musique avec celle de Mano.

Napo : Quand tu entends un membre de Zebda dire qu’il a découvert un artiste et qu’il n’a pas fini de le découvrir, je trouve ça génial. Il pensait que toutes ses chansons parlaient de ses problèmes personnels. De leur côté, les Zebda ont découvert qu’il pouvait aussi chanter l’amour, la vie, la résurrection, la force, le combat.

Quand le projet a fait le tour de ce monde-là, est-ce que des artistes ont sonné à votre porte pour en être ?

Laurent : Il y en a qui ont pu agir ainsi, mais plus finement que tu ne poses la question. Tous les gens qui sont sur cet album sont des gens assez fins.

Napo : Ce n’est pas la bande à Renaud !

Laurent : Notre album est garanti 100% sans Enfoiré.  Il y en a qui, par des détours, nous ont dit qu’ils étaient intéressés et d’autres que nous sommes allés chercher. Certains ont accepté, d’autres pas.

Il y a eu des refus ?

Laurent : Juste un, parce qu’il ne se sentait pas défendre une chanson de Mano Solo. C’est un chanteur qu’on aime bien, issu de la scène française metal.

Dis-moi qui.

Après tout, ce n’est pas un secret d’état. C’est Renaud de Lofofora (mandorisé là). On lui a proposé un morceau des Frères Misère, il a écouté et il nous a dit que ça ne lui évoquait rien et qu’il refusait donc de participer. Mais il l’a dit très gentiment et c’est honnête de sa part. Sinon, je regrette la non-participation de Christian Olivier. Il était occupé à préparer une expo. Après, on a été au plus simple. Quand on avait trop d’entremetteurs pour toucher un artiste, on a botté en touche. On voulait rester sur la rencontre et sur l’humain.

Napo : On n’a pas fait appel qu’à des gens connus. Je trouve ça très bien que ce disque serve à faire connaître de nouveaux artistes qui ont de très gros talents.

"Allez viens" par Bertrand Cantat.

J’ai entendu dire que Mano Solo n’aimait pas Bertrand Cantat, or, on le retrouve dans le disque. Cela m’a étonné.

Laurent : Mano Solo n’aimait pas Noir Désir, ce qui est tout à fait différent. Il n’a jamais rien dit d’autre. Ca coupe court à tout débat.

Napo : Cela dit, autant Melismell a transcendé « La rouille », autant lui n’a pas transcendé « Allez viens ! » Je le trouve trop serré, trop tendu.

Laurent : Ah bon ? Mais par rapport au texte, je le trouve super. C’est pour cela qu’il est dans ce registre-là, je pense. Cantat et ses copains Noir Désir ont inspiré certains jeunes gens qui commençaient à faire de la musique et ils ont insufflé une idée de comment se positionner par rapport à son rôle d’artiste. Utiliser certains médias, mais ne pas être tout le temps dans l’opportunisme de se montrer partout en faisant n’importe quoi.

Napo : Il a dit dans un film que l’on a fait pour un teaser : « Mano Solo, c’est comme moi. C’est de la drogue dure, c’est trop violent, c’est trop dangereux, il faut consommer avec modération ». Ce passage n’est pas dans le teaser, mais il a été filmé.

"La rouille" chantée par Melissmell.

Dans ce projet, il fallait garder une cohésion musicale.

Laurent : Comme Les Hurlements d’Léo jouent sur tous les morceaux, elle est là la cohésion musicale. En ce sens, ce disque n’est pas vraiment un « tribute ». Un « tribute » est fait par des gens qui enregistrent chacun de leur côté et qui rendent leur copie quand elle est terminée. Là, tous les artistes étaient invités dans notre studio. On a joué ces morceaux pendant 50 dates en live, je pense qu’on peut considérer qu’on les maitrise… Il y a notre son présent sur les 26 titres.

Il y a eu des fusions avec des groupes ?

Laurent : Bien sûr et heureusement. On parlait de Zebda tout à l’heure, mais il y a eu aussi Babylone Circus et Melissmel, par exemple.

Vous êtes sur ce projet depuis deux ans. Craignez-vous que cet album ne trouve pas son public ?

Laurent : On est heureux d’avoir porté ce projet jusqu’au bout. Ça n’a pas toujours été une entreprise très facile. On savait que l’on s’attaquait à un monument. Pour certains, Mano Solo est Dieu le père.

Napo : Il y a plein de gens qui ne pouvaient pas s’imaginer que l’on pouvait reprendre Mano Solo. Quand ils ont vu et entendu notre travail, ils n’ont pu que constater le respect de l’œuvre et de l’artiste.

Laurent : Il y avait des gens sceptiques qui se raccrochent aujourd’hui aux wagons parce qu’ils ont compris.

Il était impossible qu’il n’y ait qu’un chanteur qui s’attaque à ce répertoire…

Laurent : Tu as raison. Si on avait choisi une seule personne pour être le porte-voix de Mano Solo, le projet crevait dans l’œuf. Personne ne peut se prendre pour lui tant il était unique.

Fred des Ogres de Barback a accompagné les Hurlements d'Léo sur la tournée les Hurlements d'Léo chantent Mano Solo.

Chanter Mano Solo, ça ne doit pas être évident.

Napo : Pour moi, ce qui est important, c’est qu’il y ait une intensité dans le chant.

Laurent : Moi, je suis dans l’interprétation, mais on a un timbre, Mano Solo et moi, qui n’est pas aux antipodes.

Napo : On a essayé de ne pas dénaturer les lignes de chant.

Laurent : On n’a pas touché aux mots, ni aux mélodies vocales. Avec les arrangements, par contre, on n’y a pas été avec le dos de la cuillère. On voulait quand même que ça reste Les Hurlements d’Léo chantent Mano Solo.

Napo : Ce qui est chouette, c’est que l’on a la chance que ce ne soit pas le énième projet sur Mano Solo.

Oui, et il va falloir s’accrocher pour faire mieux.

Napo : Nous, on a fait ça avec une approche, une réflexion. Ce n’est pas tout le monde qui se donne ces moyens-là pour rendre hommage à un artiste.

Laurent : Mano Solo est l’un des auteurs majeurs de sa génération. Je pense même que c’est le meilleur. Il fallait être digne de lui.

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Après l'interview le 25 juin 2015, avec Laurent Kebous (à gauche) et Napo Romero (à droite) au bar La Fourmi (Pigalle).

Emmanuel Moire : interview pour La rencontre

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Interview d'Emmanuel Moire réalisé pour Le magazine des Espace Culturel Leclerc (daté du mois de septembre 2015) à l'occasion de la sortie de son quatrième album, La rencontre. C'est de la variété classique et populaire, et dans le genre, c'est ce que l'on fait de mieux actuellement. Et le bonhomme est un vrai gentil. Bref, je l'aime bien.

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L'intro en version plus lisible...

Deux ans après Le Chemin, Emmanuel Moire revient avecLa Rencontre. L’ancien premier rôle du Roi-Soleilse livre un peu plus à chaque chanson, comme si ce rendez-vous promis par le titre du disque était celui du chanteur avec lui-même.Voilà donc le temps du bilan, ou en tout cas de l’introspection. De l'attirance et ses premiers émois à la peur de l'usure du temps, toutes les saisons du cœur sont déclinées. Cette "rencontre" nouvelle avec Emmanuel Moire est un enchantement et certainement l'album de la résilience.

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Clip de "Bienvenue" extrait de l'album La rencontre.

Angèle : Interview pour son EP, Prélude

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(Photo : Guillaume Ougier)

Angèle (Osinski) est une artiste que j'ai découvert au Pic d'Or. Voilà ce que j’en disais dans ma récente chronique mandorienne consacré à ce tremplin tarbais (j’adore m’autociter) : « Textes et musiques exigeants, une présence remarquable et une voix belle et singulière (allez, disons le, pas aux antipodes de celle de la chanteuse L. Avec son répertoire, Angèle ne sera pas la reine des tremplins, mais peut toucher un public conséquent si elle sort des disques honorablement produits. Elle a tout. Charme et chansons. Deux atouts qu'il faudra que cette artiste sache faire fructifier. »

Je suis ensuite allé la voir dans une petite salle parisienne peu de temps après.

Et puis je l’ai mandorisé, juste avant l’été (ce qui signifie que je crois en son fort potentiel).

angèle,interview,mandorBiographie officielle :

Chanteuse, auteure-compositrice, Angèle nous offre des textes ciselés et des compositions sensuelles et oniriques interprétés avec délicatesse et puissance.Nourrie aux airs de Barbara, Tom Waits et Lhasa, elle livre, avec son premier EP « Prélude » (sélectionné par le Prix Georges Moustaki en 2014 et par le Pic d’Or en 2015), une œuvre profonde et lumineuse, mystérieuse et incarnée. Elle est aujourd’hui en préparation de son premier album: « Nocturne ».

Angèle a longtemps chanté les chansons des autres. Après une formation classique (piano, solfège, chant au Conservatoire du VIème arrondissement de Paris), elle s’est immergée dans diverses traditions: jazz, chants tsiganes, tango, musique brésilienne… Elle a appris, au contact de musiciens, au hasard des rencontres, de concerts en concerts, leur musique, leur culture et un peu de leur langue.

Les morceaux de son EP, Prélude, ont été enregistrés par Stéphane Prin (notamment ingénieur du son pour Jean-Louis Murat, Camille, Bashung, Miossec, etc…) avec Manu Chehab (« Fedayi Pacha » et « Elektraum » chez Hammerbass) à la guitare électrique, au oud et à la scie musicale, Catherine Gauduchon et Angèle au piano et Marc Heullantà la batterie et aux percussions. Depuis octobre 2014, Didier Goret (pianiste notamment pour Juliette, Anne Sylvestre, Allain Leprest, etc…) a rejoint Angèle sur scène, au piano et aux arrangements.

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(Photo : Cédrick Nöt)

angèle,interview,mandorInterview :

Je crois savoir que tes parents écoutaient beaucoup de musiques quand tu étais plus jeune.

Ils écoutaient chacun un style différent. Ma mère était une fan de chansons françaises et de variétés. Dans le film La femme d’à côté de François Truffaut, à un moment, Gérard Depardieu vient voir Fanny Ardant. Ils ont une histoire d’amour tumultueuse. Il lui apporte un petit transistor pour qu’elle écoute de la musique. Il a un air méprisant parce qu’elle aime écouter des chansons. Elle lui dit que « la chanson, c’est l’art de raconter des choses qui servent à la vie en trois minutes ». Pour elle, c’est un grand art. Ma mère était pareille. Elle aimait aussi bien Fréhel, Piaf, Barbara que Souchon et Voulzy par exemple. Par contre, mon père était à fond musique classique et jazz. Mes parents se retrouvaient sur le jazz vocal. Billie Holiday était une voix de mon enfance.

Ce que tu fais aujourd’hui est l’intégration de tout ça ?

Oui, mais d’autres influences encore. J’ai mon parcours de rencontre musical personnel. J’ai une formation de piano classique. J’étais au Conservatoire à Paris en piano, solfège et chant. Je ne suis pas restée longtemps.

Ton père jouait du violon étant petit.

Oui, il est juif polonais. Il est né en France de justesse. Il était issu d’une famille très pauvre et il fallait s’en sortir par le talent et la musique. Ma grand-mère faisait les chœurs à l’opéra de Varsovie et mon grand-père était basse dans le même opéra. Il y avait dans ma famille, une culture de la musique.

Au bout d’un moment, tu as vécu la musique comme une obligation.

Oui, alors je m’en suis éloignée. J’ai toujours adoré lire, écrire et les mots m’ont toujours fasciné… le théâtre m’a interpellé pendant longtemps.

Clip de "Prélude".

Tu as souhaité devenir comédienne ?

J’ai tellement vu de comédie musicale quand j’étais gamine que, pour moi, devenir comédienne, ça voulait dire chanter, danser et jouer de la musique. Dans ma tête, c’était un ensemble. Après, je me suis rendu compte que non, alors j’ai privilégié la comédie, le jeu… mais tout en écrivant.

L’écriture est une constante dans ta vie ?

Oui, l’écriture de nouvelles, de romans, de poèmes… je crois que je me suis adonnée à toutes les formes à part les scénarii et du théâtre.

Paradoxalement, c’est pendant ton parcours de comédienne que tu t’es rapprochée de la musique. 

Dans ce métier-là, il y avait une forme de superficialité et je ne comprenais pas la logique de certaines choses. Au moins, la musique, c’était concret. Tu chantes juste, tu chantes faux, tu triches, tu ne triches pas… les choses sont claires.

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(Photo : Frédéric Petit)

Tu as recommencé la musique en allant à la Chope des Puces, à Paris.

C’était des guitaristes de jazz manouche qui jouaient là tous les samedis et les dimanches. J’y suis allée tous les dimanches pendant deux ans. Les musiciens qui m’ont entendu chanter m’ont dit que j’avais une belle voix, j’ai fini par chanter du jazz manouche et des chants tziganes avec eux. Par le biais de ces musiciens, j’en ai rencontré d’autres qui étaient brésiliens et j’ai aussi chanté avec eux. Pendant très longtemps, au hasard des rencontres, j’ai chanté dans une langue qui n’était pas la mienne, à chaque fois en m’immergeant dans une culture différente. Je me vis comme une éternelle étudiante en musique. Mes petites études au Conservatoire, par rapport à ce que je découvrais là, ce n’était pas grand-chose. L’enseignement de la musique en France est très dogmatique, tandis que mes expériences musicales ont fait exploser les barrières. J’ai découvert que l’on pouvait chanter, écrire et composer de plein de manières différentes.

Clip de "Colin-maillard".

Aujourd’hui, tu es revenue vers une facture un peu plus classique de la chanson.

Les rares fois où je chantais en français, je sentais qu’il y avait une connexion immédiate, parce que c’était la langue du public qui venait me voir. Le français est ma langue et chaque mot était chargé de mon histoire. En tant que chanteuse, j’ai eu l’impression de vivre la vraie rencontre avec le public à ce moment-là. Je me suis mise de plus en plus à écrire en français et j’ai eu envie de m’entourer d’une équipe pour aller chanter mes chansons sur scène.

Après ton EP, tu travailles sur de nouvelles chansons ?

Je suis en train de travailler à une forme qui ira plus loin que ce que j’ai proposé jusqu’à présent. J’ai beaucoup tourné en piano voix pour des raisons économiques, mais là, j’ai envie d’une formule à deux ou trois musiciens sur scène avec des sonorités hyper importantes pour moi. Je voudrais une guitare électrique, une batterie et un oud … A long terme, je cherche à être entourée. Pour l’instant, tout est fait maison.

Tu as ta propre personnalité et ton propre univers, mais parfois flotte un air de Babx ou de L. Tu n’es pas aux antipodes en tout cas, ce qui, de ma part, est un sacré compliment.

Je connais un peu Babx, nous nous sommes croisés à une période de nos vies, mais on ne s’est pas vus depuis des années. Je sais juste que nous avons écouté les mêmes choses et que nous avons les mêmes goûts en matière de musique, donc forcément, puisque nous avons des influences communes, il y a des choses qui vont se retrouver dans la façon d’écrire et dans la façon d’être en scène face aux gens. J’assume très bien les similitudes. C’est même flatteur que l’on m’en fasse la remarque.

Extrait d'un concert d'Angèle à l'ACP Manufacture Chanson, "Boite à musique" (avec au piano, Didier Goret).

Etre artiste en 2015, c’est dur ?

Oui, c’est un combat, mais jalonné de moments très intenses, très beaux. C’est très « cliché » ce que je vais te dire, mais je suis heureuse de me lever tous les matins en me disant que je vais écrire et composer. Pour répondre à ta question. C’est un combat que j’accepte de vivre.

Quel est le genre d’artiste que tu respectes et aimes ?

Celui qui propose un truc qui dépasse l’intime et qui rencontre ce que, moi, j’ai de plus intime. Ça me permet de me sentir… moins seule. Intrinsèquement, profondément, charnellement, en tant qu’être humain, il m’arrive de me sentir reliée à un artiste. Ça m’a fait ça avec la regrettée Lhasa que j’avais vu en concert au Grand Rex. Ce sont des gens comme ça qui, par l’affirmation de leur imaginaire et cette proposition d’aller vers un rapport hyper sincère au fond d’eux-mêmes pour aller inventer, réinventer qui ils sont, qui me touche au plus haut degré. Comme je suis très ambitieuse, c’est ce que j’essaie de proposer aux gens qui viennent me voir.

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(Photo : Thomas Bader)

angèle,interview,mandor(A gauche: Angèle, notre ami commun, le subtil et délicat Bastien Lucas et Mandor).

Quand tu écris, il n’y a pas quelque chose de l’ordre du mystique ?

Je pars souvent d’une phrase banale liée à des choses que j’ai vécues, des choses personnelles ou que j’ai pu observer, mais souvent, ce sont des événements sur lesquels je ne me suis pas attardée. Sur le moment, j’ai cru que ça n’avait pas vraiment d’importance. De cette phrase naît tout un processus d’imbrication de pensées, de mots qui forment, au bout d’un moment, une chanson. Je rejoins ta question… par moment, j’ai l’impression que cela m’est dicté.

Et pour la musique ?

J’écris d’abord les paroles et la musique vient ensuite. Une des phrases du morceau va sonner d’une certaine manière et l’intonation va induire une musique. Tout est logique dans la musique. On croit que ça forme une contrainte, mais au contraire, ça offre beaucoup de libertés. Il faut juste trouver le chemin le plus proche de ce que tu as voulu exprimer dans la chanson. Quand j’écris une chanson, j’ai l’impression de forer un puits.

Un artiste est souvent pudique, pourtant il se déshabille sur scène.

Dans la vie, je suis très pudique et sur scène, ce que je cherche, c’est la transparence, c’est-à-dire que je suis encore plus qu’à poil. C’est le dénuement le plus total. C’est ce que je ressens intimement, profondément, que je vais laisser voir. Je ne vais pas le montrer, je vais juste le laisser voir. Et désormais, je ne vais plus hésiter à plonger dans les failles…

Il faut avoir des failles pour chanter des chansons qui montrent les failles ?

Ça peut-être pratique oui.

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Après l'interview, à l'agence.

Clip de "Octobre Rose" (de Faby Perier) pour sensibiliser à la lutte du cancer du sein.

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Des chanteurs, comédiens, journalistes et musiciens ont uni leurs voix pour Octobre Rose. Il s’agissait-là de sensibiliser à la lutte contre le cancer du sein.

J’ai accepté de prêter ma voix à cette chanson et de participer à ce clip parce que je connais Faby Perieret son combat de tous les instants depuis de longues années. Elle a même été mandorisée il y a deux ans. Est-ce que cela sert à quelque chose ? Je n’en sais rien. Mais, si ça peut aider moralement au moins une personne, je me dis qu’une après-midi à enregistrer cette chanson n’est pas du temps perdu.

Dans ce clip pour apprécierez les voix de (par ordre alphabétique) Zakia Abasse, Méliane Abasse, François Alquier, Anne Bernex, Noemie Caillault, Pauline Cartoon, Jimmy James, Lizzy Ling, Ahmed Mouici (ex Pow Wow), Julia Nuret, Marie Sang de Bourbe et Slimane.

Paroles : Faby Perier
Musique : Rabah Bahloul
Arrangements : Chris Richard
Studio Human : Simon Cloquet-Lafollye
Mixage : Steven Forward

Musiciens : Romain Fitoussi, Romain Molist, Chris Richard, Nicolas Ramassamy

Réalisation et montage : Jenny Bardelaye

MCKS Prod : Rachid Abasse ( Fouz DK ) et Faby Perier

Et attention! Une soirée à ne pas louper!

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Quelques photos de l'enregistrement...

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Faby Perier, l'instigatrice de cette "aventure" musicale et humaine.

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Méliane Abasse.

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Ahmed Mouici (ex Pow Wow)et Faby.

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Le même, mais seul.

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Le collectif (1).

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Faby Perier et Jean-Jacques Goldman (il me semble).

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Là, c'est avec Johnny Hallyday (il me semble aussi).

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Le collectif (2).

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De gauche à droite, les chanteuses Julia Nuret et Lizzy Ling (http://www.lizzyling.com/), la comédienne Anne Bernex (http://www.annebernex.fr/), bibi (l'homme de la bande), la chanteuse Faby Perier (l'instigatrice du projet http://www.fabyofficiel.com/), l'humoriste Pauline Cartoon (http://www.pauline-cartoon.com/) et Méliane Abasse.

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Arrangement : Chris Richard

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Réalisation et montage : Jenny Bardelaye

Hippocampe Fou : interview pour la sortie de ☆ CÉLESTE ☆

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Hippocampe Fou, fine et inventive plume du rap français, revient avec l’album CÉLESTE . L’artiste extrêmement doué se surpasse techniquement et s'accompagne de textes aérés et de refrains aériens. Voyages, vie quotidienne, expériences personnelles, désillusions, religion, sont quelques-uns des thèmes traités sans ego trip ni vulgarité avec subtilité, poésie et créativité. C’est finalement assez rare pour que ce « détail » soit signalé.

Le 29 juillet, Hippocampe pas si Fou que ça est passé à l’agence pour une mandorisation en règle.

hippocampe fou,celeste,interview,mandor,video rapBiographie officielle (très raccourcie) :

Après avoir exploré les fonds marins avec °°AQUATRIP°°, rencontré un public nombreux et enthousiaste, ce grand enfant d’Hippocampe Fou, toujours dans la lune refuse de quitter son pays imaginaire et nous invite à un voyage insolite et surréaliste, à la recherche de l'extase, avec son nouvel album ☆ CÉLESTE ☆. Accompagné de productions musicales redoutables, Hippo manie flows, jeux de mots et story-telling avec une dextérité surprenante. Sa langue affûtée bouscule l'imagination et suscitent la réflexion en visitant un nouvel espace : le Ciel. Suivi de très près sur le net (avec 5 millions de vues sur sa chaîne YouTube), Hippo livre un album pétillant qui revient avec humour et profondeur aux sources du rap français.

Amoureux des images et des mots, avide d'évasion, dans ce nouvel opus Hippo déroule ses chansons comme des courts-métrages. Ce conteur moderne explore une multitude de style : mélancolique ("Las Estrellas"), romantique ("Mes échecs"), introspectif ("Si j'étais..."), onirique ("Presque rien"), burlesque ("La grande évasion"), historique ("Chasse aux sorcières"), grotesque ("Chorale des orphelins à la langue coupée"), autobiographique ("Arbuste généalogique »)... Artiste protéiforme, il soigne le fond et la forme.

Reconnu pour son flow fluide au débit ultra rapide, sa technique qui oscille entre slam et rap, il hippocampe fou,celeste,interview,mandor,video rappeut se vanter de réussir à rapper sur tout type de rythme et de bpm. Classé 2ème sur la liste des rappeurs français possédant le vocabulaire le plus large, selon le Huffington Post, Hippo maîtrise assonances, allitérations et métaphores percutantes, ce qui en fait un MC complet.

Dans ce nouvel album, des oreilles curieuses pourront croiser, entre autres, les métaphores du sage Gaël Faye, le flow inimitable des Américains The Procussions, les chœurs des sirènes Mary May& EMJI (qui a remporté l'édition 2015 de la Nouvelle Star), la flûte traversière enchanteresse de Marine Thibault (Cat's Eyes), l'harmonica du virtuose Greg Zlap et même un refrain chanté par le père d'Hippo : Francisco Gonzalez.

Avec ☆ CÉLESTE , l'homme derrière le cheval de mer se réinvente. Il a grandi, déterré ses émotions et s'aventure dans les sombres recoins de notre existence. À la manière d'un Charlie Chaplin, Hippo y défend un rire empreint d'émotion. Son style populaire, intemporel est toujours à la recherche de l'inédit. Créer l'extraordinaire en détournant l'ordinaire.

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hippocampe fou,celeste,interview,mandor,video rapInterview :

Tu vis de ta musique, ce n’est pas donné à tout le monde.

Depuis quelques années, je suis intermittent du spectacle. Entre les concerts et les ateliers, j’arrive à vivre de mon art.

Tu as fait des webs séries sur YouTube. Cela a largement contribué à ta notoriété.

C’est partie d’une envie de m’amuser avec mes proches dans un premier temps et avec les gens, par la suite. La web-série « Video rap » a bien plu. En 2009, ça a fait pas mal de bruit, notamment grâce au réalisateur de la web série, Le visiteur du futur », François Descraques. Il a partagé sur son blog quelques épisodes, ce qui a eu pour effet de me ramener beaucoup de gens, dont certains sont restés fidèles. Je suis passé de 300 vues à 10.000. A partir de ce jour-là, c’est devenu plus sérieux et moins confidentiel.

Video Rap: "Chez moi y a un Lama" (2010).

J’ai regardé pas mal de tes vidéos. On sent une âme de comédien.

J’aime bien jouer des scénettes humoristiques qui amènent quelque chose de plus sérieux derrière. J’aime jouer le passage du looser au brillant rappeur. Je suis un mix de ces deux personnages.

Dans tes vidéos et dans tes chansons, je sens de l'ironie et du second degré.

C’est sans doute une forme de pudeur. Je ne fonctionne pas en disant les choses frontalement.  Même dans le quotidien, quand quelque chose va mal, je suis plus du genre à lâcher la petite phrase cynique ou ironique qui parfois peut mettre mal à l’aise les gens… mais je suis comme ça.

Clip de "La grande évasion" (en duo avec Céo).

Dans « La grande évasion », sous couvert d’une chanson un peu délirante, le fond est triste.

On ne rigole jamais autant que quand c’est dramatique. Moi, j’aime bien aller carrément dans le burlesque. C’est le principe des films de Chaplin ou de Buster Keaton. Il y a toujours la notion de souffrance, mais avec le sourire.

Présente nous Céo.

C’est mon acolyte scénique. Je ne voulais plus être seul sur scène parce que je commençais à faire de gros concerts. Il est beatmaker, graphiste, rappeur entre autres. Sur « La grande évasion », c’est lui qui a fait l’instru.

Il y a des guests tel que Gaël Faye (mandorisé là) dans "Presque rien" par exemple.

Lui, il a la métaphore très facile. Je lui ai proposé le feat trois semaines avant qu’on l’enregistre et il a commencé à écrire sa partie dix jours avant. Il y a plein de belles images et de jeux de mots d’une finesse rare. Il écrit très bien et j’ai beaucoup d’admiration pour lui.

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 Gaël Faye et Hippocampe Fou.

Toi aussi tu joues avec les mots comme personne.

J’aime jouer sur différents lexiques, entrechoquer les mots, jongler avec. Je joue entre le sens et la forme.

Le son des mots, c’est un instrument de musique ?

Bien sûr. Je suis le fils d'un guitariste et compositeur colombien. Je l’ai vu travailler ses gammes et morceaux très longuement. Il avait des problèmes de vue, il ne pouvait pas lire les partitions, donc il devait mémoriser les morceaux en les jouant sans cesse. Il a voulu m’apprendre la guitare, mais ça m’ennuyait et ça me faisait mal aux doigts, j’ai donc refusé. Du coup, quand j’ai commencé à m’intéresser à la possibilité de raconter des histoires avec des mots qui peuvent groover, je me suis dit qu’il était possible de vivre en devenant conteur. Je savais que j’allais pouvoir faire sonner les mots, comme mon père pouvait faire sonner les cordes de sa guitare.

Le mot « conteur » te convient bien.

A ma disparition, j’aimerais bien que l’on place « conteur » sur ma tombe. Je trouve ce terme ultra classe.

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Que pense ton père de ton travail ?

Alors que je finissais mes études de cinéma, je suis parti en Colombie avec lui pour faire un documentaire sur sa personne. Je voulais faire un film sur la composition, la musique et l’exil. Pendant ce voyage, je lui ai fait écouter deux morceaux dont j’étais fier. Il m’a dit qu’il trouvait ça bien et m’a encouragé à en faire d’autres. Aujourd’hui, je vis de ma musique, je sors mon deuxième album et je suis très heureux.

Tu as commencé en animant des soirées slam.

C’était des années avec des hauts et des bas. Alors que je faisais deux heures de textes et d’impro, il m’arrivait, à la fin d’une soirée, de repartir avec une fortune. Deux euros (rire). Quand on a connu ce genre de galère, on est content quand une vingtaine de personnes, qui ne sont pas tes amis, se déplacent pour venir te voir à un concert. Aujourd’hui, j’alterne les gros festivals, les grosses scènes et des trucs plus intimes.

Tu fais aussi des ateliers d’écriture.

Je me retrouve face à dix jeunes qui ne me connaissent pas et qui ont leurs propres références. Je dois les convaincre avec un morceau qu’ils n’ont jamais écouté que ce que je fais est bien et que l’on va faire des trucs cools ensemble. J’ai une pression soudaine qui est plus grande que si j’étais devant 1000 personnes.

"Freestyle Céleste"

Il n’y a pas un clip de toi qui ressemble à un autre. Pourquoi ?

Je travaille toujours avec des gens différents qui ont des savoir-faire personnels. Je ne veux pas refaire deux fois le même clip. Je veux surprendre le public. Je cite souvent Kubrick et Lars Von Trier qui sont deux de mes réalisateurs cultes. Ils ont su se renouveler à chaque film et proposer une forme cinématographique différente. J’aime les gens qui savent se réinventer.

Chez les chanteurs, tu peux me donner des exemples ?

Oui, Camille. A chaque album, elle a su changer de style de manière inattendue.

Entre °°AQUATRIP°° et ☆ CÉLESTE ☆, il y a un monde ?

L’eau de mer s’est évaporée, ça a formé des petits nuages et moi, en tant que créature aquatique, j’ai sorti mes petites nageoires de l’eau, des petites pattes ont poussé et j’ai commencé à marcher sur la terre ferme et j’ai regardé les nuages. L’idée de cet album, ce n’est pas de partir dans les plus lointaines galaxies, c’est simplement l’envie d’aller au-delà des nuages. Il y a une envie de rêver éveillé en marchant sur les nuages avec l’auditeur.

Il y a différents niveaux de lectures dans tes textes.

Oui, je m’amuse un peu, mais j’ai quand même du mal à être trop abstrait. Il y a certains artistes que je ne saisis pas. Par exemple Christine and the Queens, il y a des chansons que j’aime beaucoup, mais je ne comprends pas toujours ce qu’elle veut dire. C’est un peu trop ésotérique pour moi. J’ai envie que les gens comprennent ce que je raconte et que l’image soit claire. J’aime emmener les gens dans mon univers, de temps en temps, au détour d’une phrase, les perdre et puis finir par les récupérer. J’aime déconcerter, mais en douceur. Si j’étais une œuvre, je serais plus au Louvre qu’au Palais de Tokyo.

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Pendant l'interview...

Tu as du mal à trouver tes rimes ou c’est plutôt facile ?

Je recherche les punchlines. Il faut que ça sonne au niveau des allitérations et des assonances et, en même temps, il ne faut pas que ce soit juste un jeu sonore, il faut que cela veuille dire quelque chose de bien. Comme je dis dans le freestyle « Céleste » : «quand j’écris, je réfléchis jusqu’à ce que je sue. » Je cherche toujours le juste mot.

A quel public t’adresses-tu ?

Mon but n’est pas d’être le plus technique des rappeurs, mais de raconter des .histoires dans lesquels un petit de 4 ans, quelqu’un de l’âge de mes parents ou une personne âgée puissent se retrouver à un moment… et reconnaître la poésie que j’y mets tout en restant fidèle à mes envies.  

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Après l'interview, dans la cour de l'agence, le 29 juillet 2015.

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Amaury Vassili : interview pour Chansons populaires

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AMAURY-MICRO-08-©YVES-BOTTALICO-LIGHT.jpgJ'ai interviewé le jeune chanteur (ténor) Amaury Vassilià l'occasion de la sortie de son album Chansons populaires. Un album de pure variété. Je m'attendais à être déçu (les aprioris ont la vie dure), mais finalement, j'ai été agréablement surpris. Évidemment, je préconise l'écoute des versions originales... mais si ce disque permet la découverte de certaines de ses chansons, soit.

(Je tiens tout de même à ajouter que je me demande s'il n'y a pas un GROS souci dans les maisons de disque. Pourquoi ces albums de reprises à profusion (entre autres Renaud, Goldman, Téléphone et bientôt Balavoine...) ? Réponse simple comme bonjour : parce que c'est facile à faire, les chansons ont fait leur preuve, on ne prend pas trop de risque et ça se vend très bien. Soit.)

(Mon métier m'empêche de développer plus... mais je n'en pense pas moins).

(Sinon, Amaury Vassili est aussi bon interprète que sympathique).

(Ce qu'il fait, il le fait bien et, j'ai l'impression, avec passion et envie).

Voilà donc le fruit de notre interview pour Le magazine des Espaces Culturels Leclerc (daté du mois d'octobre 2015).

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Le premier clip tiré de l'album Chansons populaires : "J'ai encore rêvé d'elle" (en duo avec Barbara Opsomer).

Babel (Sébastien Rousselet) : interview pour la sortie de l'EP "BLESS(E) YOU"

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Le retour de Babel est une sacrée bonne nouvelle. BLESS[E] YOU est une vraie bombe. A grand coup de sons electro ultra-contemporains se mêlant au violoncelle et piano, ce disque est une grenade dégoupillée. Ça explose de partout au milieu de mélodies magnifiques et particulièrement efficaces. Étonnant et addictif.

Musicien, comédien, slameur, chanteur, Sébastien Rousselet manie le verbe avec verve. « Radicaux mais pas indécents » dit-il. Les textes de Babel ressemblent à leur auteur. Il est venu à l’agence le 14 septembre dernier pour me parler de ce deuxième EP (que j’écoute réellement en boucle).

Comme j’ai déjà reçu Sébastien (accompagné par Nino Vella, le clavier du groupe) dans une première mandorisation, il y a deux ans, je vous épargne les débuts du groupe et tout le toutim.

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(Photo : Corentin Luis).

10012530_895521440491841_2548012861792848734_n.jpgNous sommes passés directement à l’essentiel.

Argu officiel :

Babel c’est une organique machine. Du boom boom sensible. Du chant-son. En français dans le texte. Pour danser et penser. Chant, scratches, violoncelle, claviers. On brûle sur scène pour te réchauffer. On te cueille au ventre, donne des coups et des caresses qui te bénissent et te blessent. Après un album et un EP auto-produits, un tour aux Francofolies en passant par le Chantier et plus d’une centaine de concerts aux 6 coins de l’hexagone, Babel revient avec son nouvel EP, BLESS(E) YOU et un show explosif, punchy et touchant.

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(Photo : Benjamin Pavone)

DSC00742dd.JPGInterview :

Il y a une sacrée évolution entre votre précédent EP et celui-ci.

On a cherché à développer le son qu’on avait commencé à trouver avec le précédent EP, La vie est un cirque. A cette époque, je trouve qu’on allait encore bouffer à tous les râteliers. On était encore un peu dans la chanson. Aujourd’hui, malgré l’éclectisme de ces nouveaux titres, je considère que nous avons gagné en cohérence. On est moins dans la variété, dans le sens « varié », on est moins hybride.

On vous le reprochait ?

Un peu, oui. Et nous, parfois, quand on faisait des concerts, on avait l’impression de faire de la musique d’un autre groupe. Le retour des programmateurs étaient symbolisé par une question : c’est qui Babel ? C’est de la chanson, de l’electro, du slam ? Ils nous reprochaient d’aller partout et nulle part.

C’est chiant de s’entendre dire ça ?

Évidemment. Le public ne se pose jamais ce genre de questions. Ce ne sont que les professionnels qui te remettent en question et qui ne savent pas où te cataloguer.

"Bless(e) You" en live @ Au fil du Son 2015. Image : Corentin Luis - Joris Favraud. Montage : Corentin Luis.

J’ai toujours trouvé qu’il y avait une unité chez vous et que tout était cohérent.

Pendant un an et demi, on a cherché une certaine évolution, mais on a galéré. Il a fallu que l’on trouve la place de chacun, que l’on détermine comment on compose, qui emmène quoi. Personnellement, j’écris les textes et je participe un peu à la musique. Je peux emmener une compo guitare-voix, mais de plus en plus, j’ai laissé le champ libre aux autres membres du groupe. De plus en plus, j’essaie de me détacher de l’aspect composition et harmonie, parce que, très honnêtement, il y en a qui le fond mieux que moi. Chez nous, tout le monde peut composer. C’est à la fois riche et compliqué.

Toi, tu écris en utilisant la méthode Boris Vian. C’est quoi cette méthode.

Il écrivait une musique, puis il écrivait un texte dessus ensuite, un autre compositeur refaisait une musique sur le texte. C’est ce que je fais parce que j’ai besoin de musique pour écrire mes textes.

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(Photo: Carmen M au Festival Epipapu)

Ce que j’apprécie dans votre son « electro pop rock chanson », c’est le sens de la mélodie.

La mélodie est primordiale dans une chanson. Même dans les chansons dites « à texte », comme celles de Georges Brassens. Chez tous les amateurs de Brassens, il n’y a au fond que 10% qui connaissent les paroles, mais tout le monde fredonne la mélodie. Ça te reste tellement dans la tête que ça en devient diabolique.

"Climb the Tower" en live @ Au Fil du Son 2015. Image : Corentin Luis - Joris Favraud. Montage : Corentin Luis.

Vos concerts, actuellement, font l’unanimité. C’est une vraie claque pour tout le monde. 

On essaie de faire en sorte que notre spectacle soit léché. Nous sommes tous assez exigeant par rapport à nos décors, nos sons et nos lumières. Nous voulons être fiers de ce que l’on présente, aussi visuellement.

Votre public est de plus en plus nombreux.

Nous sentons que la mayonnaise prend. Nous avons des passages clips à la télé… et des choses se profilent à l’horizon. Je ne t’en dis pas plus, parce que tant que ce n’est pas fait ça reste du vent.

Bon, il y a des maisons de disque et des radios qui sont intéressés, c’est ça ?

Advienne que pourra.

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(Photo: Eric Coehoorn)

Vous êtes dans une période positive, là, j’ai l’impression.

Oui et c’est agréable parce que nous sommes passés par une grosse période de doute. On ramait un peu et comme je te l’ai dit tout à l’heure, nous nous cherchions artistiquement. Un jour, tout s’est débloqué et c’était parti. On a eu envie d’aller vers quelque chose de moins hip hop, qui était un peu la marque de fabrique du premier, pour aller vers une musique plus « épique »… un peu « musique de film » avec du texte dessus, tout en gardant le côté electro.

Voilà, on peut vous cataloguer. Vous faite de l’electro épique ! Tu valides ?

Je valide complètement. On aime bien les grandes envolées lyriques…

Dans vos chansons, tu dis beaucoup sur l’état de la société d’aujourd’hui, mais sans faire la morale. Tu constates, point barre.

Je déteste qu’on me fasse la morale, ce n’est pas pour la faire aux autres. Je ne fais aucune chanson manichéenne non plus. Comme je m’intéresse au monde et que ça me touche, j’écris sur ce qui me touche. Je parle de ce que je ressens plus de ce que je pense. Il y a des idées qui en ressortent, forcément.

Clip officiel de "Bless(e) You".

Dans « Bless(e) You », tu parles au peuple et il y a de la colère.

Il y a une forme de désespoir dans cette chanson. La chanson engagée, genre anti militariste de base, je n’y arrive pas. Dans cette chanson, je tape sur l’armée, la guerre, pas sur les militaires. Eux, ils font leur travail. Le militaire que « j’interprète » a cru au bien-fondé de la guerre qu’il est obligé de mener, mais il se rend compte qu’il s’est fait baiser la gueule, qu’on a utilisé des idées pour l’utiliser lui et ses camarades. Dans les chansons engagées, on est dans le jugement, moi, je ne prends jamais cette direction. Je ne veux pas faire mon chanteur de gauche de merde (rires).

Vos fans suivent votre évolution d’album en EP. Comment ont-ils réagi à ces nouvelles chansons ?

Les retours sont globalement positifs. Il n’y a pas de sentiment de trahison. Le fait que nous nous éloignons de la chanson traditionnelle pour une musique plus électrique et électronique ne semble pas choquer grand monde.

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(Photo : Arnaud Grislin).

Je me suis fait la réflexion que l’on n’a pas l’habitude d’avoir de bons textes sur ce genre de musique.

C’est notre challenge. J’essaie de bien écrire, de bien tourner les compliments… je suis très exigeant et je me donne du mal pour amener du fond. Pour moi, ce n’est pas un exemple, mais Stromae a bien réussi ça. C’est très populaire sans avoir vendu son âme. Il est très sincère, ses textes sont d’enfer. C’est très simple, mais ce n’est pas simpliste. C’est accessible et ça envoie d’enfer ! Sans faire la même musique, j’essaie de faire en sorte que l’on prenne une direction de cette nature. Faire danser sur des textes noirs, j’aime l’idée.

Tu as envie de produire une œuvre classe… et qui touche tout le monde.

Je me sens populaire aussi. Je viens de là. Autant j’aime la grande littérature et les films d’auteurs, autant j’aime le dernier Mad Max. Je veux tirer les gens, modestement, vers le haut, mais en faisant de la musique qui plaise à un maximum de gens.

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Le 14 septembre 2014, après l'interview.


Babx : interview pour Cristal automatique#1

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(Photo : Julien Mignot)

Chanteur virtuose doté d’une grande sensibilité littéraire, Babxécrit, compose et arrange ses disques lui-même. Il m’a toujours impressionné par l’ampleur et la sophistication de ses textes, l’atmosphère fiévreuse et planante de ses chansons. Ces albums, Babx (2006), Crystal Ballroom (2009) et Drones personnels (2014) placent cet artiste au-delà de la concurrence.

Pour son 4e album, Cristal automatique#1, il a décidé de mettre en musique des textes de Rimbaud, Baudelaire, Kerouac, Aimé Césaire, etc... sur son propre label, Bisonbison.

C'est aussi audacieux que délicieux !

Une rencontre s’imposait. Elle s’est tenue le 2 septembre, par un beau jour ensoleillé… dans la cour de l’agence (parce que l’artiste voulait fumer à volonté).

babx,cristal automatique#1,interview,bisonbison,mandorUn extrait du mot de Babx au sujet deCristal automatique#1 :

Il m'a toujours été impossible de créer des mots à partir d'une musique, c'est-à-dire emporter la musique vers la parole. À l'inverse, les mots ont toujours été pour moi vecteurs de musiques, d'espaces, de rythmes, de couleurs, de silences et de voix.

« A noir, E blanc, I rouge » disait Rimbaud. Les lettres et les mots comme une palette de couleurs universelles qui attendraient qu'on les mélange, un orchestre d'orphelins qui s'accorderaient pour les retrouvailles. La langue de Kerouac, cymbale nerveuse, Arthur Rimbaud, Organiste Vaudou saturé, Gaston Miron, Bison élégiaque, Prévert, bal populaire avec ses hauts parleurs branchés sur l'enfance…

Parfois, souvent, les mots se suffisent à eux-mêmes et rajouter de la musique dessus serait comme un maquillage un peu vulgaire. Quand Olivier Chaudenson m'a proposé une création autour des textes qui m'ont accompagné ou « influencé », je me suis demandé comment réunir la musique et ces mots-là, sans que l'un serve de « faire-valoir » à l'autre. Alors j'ai essayé tout simplement de partirbabx,cristal automatique#1,interview,bisonbison,mandor de l'émotion pure que m'inspiraient certains textes et de composer leurs jumeaux musicaux. Un peu comme on écrirait de la musique en se souvenant d'un tableau, ou comme un tableau qui se souviendrait d'une musique.

Ce qu’en pense Didier Varrod :

« Ceci est un disque courageux. Ceci est un album qui sonne comme une nécessité. Une alarme lancée à une industrie discographique en pleine déroute. Le sonneur s’appelle Babx, de son vrai nom David Babin. Il est auteur compositeur interprète et le voilà qui prend le maquis après avoir sorti trois albums dans les circuits normalement balisés. Puisque tout le monde a semble-t-il  peur de la chute des ventes de disques, Babx prend le risque se faire peur lui-même en revenant aux grands textes et à cette poésie abrasive des grands brulés de la littérature. Pour redonner un sens à notre chanson et à sa tradition... »

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babx,cristal automatique#1,interview,bisonbison,mandorInterview :

Babx m’interrompt au moment où je commence à poser ma première question…

La dernière fois que nous nous sommes vus, j’étais avec L dans un bar. Tu étais venu l’interviewer pour la sortie de son tout premier EP et moi, je l’accompagnais.

Tu as une bonne mémoire. Je m’en souviens, c’était en mars 2008. Ça m’avait fait plaisir que tu sois là parce que je te suis et t’interviewe depuis ton premier disque. Je ne m’attendais pas à te voir.

C’était avant qu’elle devienne Mylène Farmer (rire).

Pour commencer, j’aimerais que tu me parles de Bisonbison, le label indépendant que tu as créé.

J’ai essayé d’arrêter de comprendre ce que l’on me demandait dans les labels où j’officiais. J’ai mis trois disques à réaliser que, vraiment, je n’y comprenais rien. J’essaye de m’écarter un peu de l’idée « d’industrie de la musique » pour revenir à quelque chose qui s’apparente plus à une sorte d’artisanat. Je veux faire, sans restriction aucune, la musique que j’ai envie de faire sans me poser la question du marketing et de l’image. J’ai réalisé qu’il y avait toujours une étape où ça commençait à m’échapper en termes de sens. En gros, je faisais un album. Je passais un an à y réfléchir comme un malade, je l’enregistrais avec tout mon cœur avec l’idée de ce que je m’en faisais. Quand cet album sortait, il était pris en relais par des gens qui n’avaient pas du tout le passif lié à l’album. Arrivé à cette étape-là, je commençais à ne plus rien comprendre de ce qu’on était en train de faire de mon disque, ni ce que l’on était en train de raconter… tout à coup, il fallait avoir une image, une représentation d’apparence extérieure qui rompait avec ce que je voulais faire jusque-là.

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(Photo : Julien Mignot)

Tu as compris que tu ne pourrais pas demander aux gens des maisons de disque d’être dans ton rythme et réciproquement, c’est ça ?

Tu ne peux pas mieux résumer. Je ne leur reproche rien et je ne suis pas en train de partir en croisade contre les maisons de disque, mais je pense que je n’avais plus rien à y faire. Le fait d’avoir initié Bisonbison avec cet album-là, un disque avec uniquement les textes des autres, c’était pour retrouver un sens à tout ça. Pour les maisons de disque, il fallait d’abord faire une carrière avant de faire de la musique et ça ne me convenait pas. Bisonbison est né de ce constat.

Avoir son propre label, ça veut dire le gérer. Ce qui implique de donner du temps et babx,cristal automatique#1,interview,bisonbison,mandorde l’énergie que l’on pourrait consacrer à la création, non ?

Ce sont des soucis, je te l’accorde, mais qui provoquent une énergie assez saine. Tu dois parer aux éventuels problèmes sans attendre des autres qu’ils les règlent pour toi. Tout devient concret. Je contrôle plus ma production, je sais pourquoi je fais telle chose et à qui ça s’adresse. Je ne veux pas forcément parler à la masse, mais si quelques personnes s’intéressent profondément à mon travail, c’est déjà pas mal.

Ton premier disque labélisé Bisonbison est celui pour lequel je te reçois aujourd’hui, Cristal Automatique#1. Un disque dans lequel tu mets en musique des textes de Rimbaud, Baudelaire, Kerouac, Aimé Césaire, etc. Un disque très exigeant sans aucune concession.

Avec L, on avait ce réflexe naturel de mettre des poèmes en musique, cela fait donc longtemps que je pratique cet exercice. Un jour Olivier Chaudenson, pour son festival de Manosque, m’a demandé de faire un concert basé autour de mes influences littéraires et poétiques. En réitérant ce concert de manière spontanée et surtout pas régulière, j’ai constaté que cela nous apportait quelque chose d’essentiel par rapport à la musique. On avait des retours du public vraiment très fort. Un jour, je me suis fait engueuler par un spectateur présent qui m’a lancé « mais, putain, il est où votre album ? Vous ne pouvez pas faire ça et nous laisser rentrer chez nous sans pouvoir réécouter ce que vous nous avez proposé ! » J’ai obtempéré. J’ai sorti ce disque comme je le voulais. Sans aucune vanité, je suis très fier de lui et je suis certain qu’il concerne beaucoup de personnes. Ce sont des textes que je vénère plus que tout. Ce disque n’est pas des cacahuètes en attendant de bouffer, contrairement à ce qu’insinuait ma précédente maison de disque quand je leur ai proposé ce projet. C’est un vrai disque de Babx, pas un « en attendant le prochain ».

“Cristal Automatique” : Un concert littéraire de Babx. Enregistrement réalisé à la Maison de la poésie, le 11 avril 2014 et diffusé sur les ondes de France Culture. Sur des textes d’Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Jean Genet, Antonin Artaud, Tom Waits, Gaston Miron, Aimé Césaire et Barbara. Au violoncelle et à la guitare électrique : Julien Lefèvre. À la batterie : Frédéric Jean. Au piano et au chant : Babx.

babx,cristal automatique#1,interview,bisonbison,mandorCe disque est présenté en édition limité.

Je voulais être cohérent dans la manière dont j’allais le présenter. Cette édition limitée est numérotée, tirée à 350 exemplaires, fabriquée par une relieuse et illustrée par le plasticien, Laurent Allaire. J’ai reconvoqué le travail de la main au moment où on constate que tout est très dématérialisé. Je fais toujours le parallèle avec la cuisine, parce que ce sont mes deux passions. Ce disque est la différence entre ce qui est fait chez Flunch et le plat maison préparé avec amour chez soi. Dans mon label, quand on dit qu’on fait de la musique, on fait réellement de la musique.

Quand on a les mots de Rimbaud, de Genet, d’Arthaud, Kerouac et les autres, leur coller de la musique doit être une montagne à gravir, non ?

Je ne le vois pas du tout comme ça. Je le vis très spontanément. Je n’ai jamais été écrasé par les figures de ces gens-là. Pour moi, ce sont des gentils sorciers. Leurs textes m’ont accompagné depuis très longtemps, je ne suis donc pas intimidé de m’attaquer à ces œuvres. La règle du jeu de mon travail est simple : il faut que la musique que j’écris pour ces textes soit quasi automatiques, d'où le nom de l'album. Je ne voulais pas que cela me prenne plus d’un quart d’heure par texte. Je me suis posé deux questions : Qu’est-ce que le texte m’amène comme émotion ? Si tu lis ce texte-là, comment tu le raconterais en musique. Finalement, tout est venu très vite et je n’ai pas eu à y réfléchir.

Il y a parfois de longues plages musicales.babx,cristal automatique#1,interview,bisonbison,mandor

Je voulais laisser le temps aux textes de résonner longuement à travers la musique. J’avais l’idée que l’on reste longtemps avec le sentiment du poème qui dégénère musicalement.

Presque tous les titres sont enregistrés en live.

C’était pour garder une sensation de fraîcheur et de spontanéité.

Les douze textes choisis sont ceux que tu préfères ?

Ils font partie de mes préférés, mais ce sont surtout ceux pour lesquels il était facile de faire de la musique. Il y a des textes qui se refusaient à une mise en musique et je pense qu’il y a des textes qui n’appellent à absolument aucune musique d’ailleurs. André Breton a demandé dans son testament à ce que l’on ne mette jamais de musique sur ses textes. Si j’avais eu l’inspiration pour mettre une musique sur un texte de Breton, je n'aurais pas respecté la volonté du défunt.

Tu irais à l’encontre des dernières volontés d’un auteur ?

Sans aucun problème. Les gens morts sont morts, après, les vivants font ce qu’ils veulent (rire).

Tu ne t’interdis rien ?

Pourquoi je m’interdirais quelque chose ? Dans le très beau film italien Il Postino, le facteur en question dit « la poésie n’appartient pas à ceux qui l’écrivent, mais à ceux qui l’entendent. » Je suis persuadé de ça. Une fois que l’on a créé quelque chose, il faut savoir lâcher prise.

Et si quelqu’un reprenait une de tes chansons ?

Je n’aurais rien à dire. Si cette chanson est sortie, elle est sortie aussi pour prendre l’air. Une création n’est pas faite pour rester enfermée chez son créateur, donc oui, je m’en fous.

Quand tu lis un recueil de poèmes, tu arrives à ne pas avoir de musique qui s’impose ?

Bien sûr. Je pense à une musique sur un texte uniquement si je me dis que j’ai envie de le mettre en musique. Je suis un lecteur « normal ». Je n’ai aucune interférence de ce type.

Quand j’ai su l’existence de ce disque, je me suis dit qu’il n’y avait que toi pour faire ça.

Il y a aussi Bertrand Belin qui a fait un truc magnifique sur Christophe Tarkos. L peut très bien s’adonner à ça aussi. Je pense que nous allons être de plus en plus nombreux à le faire et je m’en réjouis.

Tu viens de réaliser le disque de Grand Corps Malade.

Son album s’appelle Il nous restera ça et il a invité plein de gens comme Aznavour, Thiéfaine, Jeanne Cherhal et Renaud a écrire un poème et le dire eux-mêmes. Avec Angelo Foley, on a fait la musique là-dessus. J’ai l’impression que, quelque part, il y a une nécessité de poésie en ce moment. La musique accompagne cette nécessité-là.

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Babx et Angelo Foley lors de la réalisation du disque de Grand Corps Malade.

Le teaser de l'album de Grand Corps Malade, Il nous restera ça.

Les gens ont-ils un besoin viscéral de poésie ?

Oui, j’en suis persuadé. Ça me rappelle des choses que j’ai pu voir au Pakistan. Il y a un idiome musical qui s’appelle le qawwali. Ce sont des poèmes mystiques chantés. Les gens se ruent pour aller écouter ça. La tradition veut que l’on recouvre les musiciens de billets. Les gens qui assistent à ça sont généralement des gens qui n’ont pas d’argent du tout. Ils doivent choisir entre bouffer ou donner de l’argent aux musiciens.

Il y a donc une ferveur à l’écoute de ces textes-là ?

Oui. Je me rends compte que cet état-là, il n’y a que la poésie qui peut le donner. Il y a des concerts de Cristal automatique qui sont vraiment dingues dans la manière dont les gens s’abreuvent de ces mots et de cette poésie-là.

Toi-même, tu fais de la poésie ?

La poésie, je ne sais pas ce que c’est (rire).

Non, mais sans rire.

J’essaie, en tout cas. La poésie n’est pas un style littéraire, c’est une manière de voir la vie, de la transcender, de l’appréhender. C’est un filtre par lequel on voit la vie. On peut faire de la poésie dans tout. On est un être poétique ou on ne l’est pas.

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Pendant l'interview...

babx,cristal automatique#1,interview,bisonbison,mandorTu travailles pour pas mal de gens connus (comme Camélia Jordana) et aussi pour des jeunes en devenir. Parle-nous de Karoline Rose.

C’est une immense artiste et la première signature de Bisonbison. C’est une artiste franco-allemande, ancienne metalleuse, dans le mouvement des Riot Girls, un peu post punk quoi !  Elle est venue me demander de réaliser son disque qui est en anglais et en français. C’est du rock électronique assez punk.

Un peu une nouvelle Nina Hagen ?

Oui, il y a un peu de ce genre de personnalité, mais en bien plus moderne dans le son.  

Teaser#1. Karoline Rose sera à la Cigale le 20 octobre, en première partie de Jeanne Added. 

Tu te sens proche de quels artistes, outre ceux avez lesquels tu as travaillé ?

Si je ne dois pas citer ceux avec lesquels j’ai travaillé, il n’en reste plus beaucoup. Je ne me sens pas proche de Bertrand Belin, mais je respecte énormément son travail. Il y a aussi Feu Chatterton que je trouve superbe, parce qu’ils osent vraiment des choses. Le groupe Grand Blanc aussi est intéressant. Fauve, aussi. Pas du tout dans leur musique, mais dans leur attitude, dans leur envie de ne pas jouer le jeu. Je me sens proche des gens qui prennent un peu de risque. J’aime les gens qui s’abandonnent dans une sorte d’expérimentation et qui ont envie de rendre le public plus curieux en sortant de leur concert que quand ils y sont rentrés. Je me sens proche de gens qui incarnent quelque chose de l’ordre de la liberté. Je considère que quand on est artiste, on a la vocation de prendre une liberté. Les gens qui vont voir les concerts payent pour voir des gens qui prennent une liberté qu’eux n’osent pas prendre.

Tu te sens compris dans ta démarche ?

Oui, la preuve, nous nous parlons. Je te le répète, je n’ai pas à être compris par la masse. Je ne suis pas un politicien, je n’ai pas à être élu. Je souhaite juste un public qui s’intéresse à mon travail… mais qui s’intéresse profondément.

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 Après l'interview, le 2 septembre 2015.

Et n'oubliez pas...

J'y serai. J'en jubile d'avance.

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Arman Méliès : interview pour Vertigone

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(Photo : Frank Loriou)

arman méliès,vertigone,interview,mandor« D’Arman Méliès, on connaissait le folk astral des premiers disques, les miniatures cinématographiques, la poésie surréaliste, et les relectures post-punk du dernier album en date, AM IV. A l’évidence, il faudra désormais compter avec lui sur le terrain de l’indie-rock épique et impétueux, avec ce nouvel album sanguin, lyrique et ombrageux, Vertigone» explique le dossier de presse.

Personnellement, je tiens Vertigone pour un chef d’œuvre, au sens non galvaudé du texte. « Il dévoile un univers sanguin qui fait la part belle à un lyrisme libérateur ». J’avais déjà rencontré Arman Mélièspour le précédent, AM IV, que je pensais inégalable tant il m’avait ébloui. Mais ce génie s’est surpassé, musicalement, textuellement et même vocalement. Oui, Arman Méliès est aussi un puissant chanteur de rock, ce qu’il nous avait caché pendant des années. On ne peut que s’incliner devant un disque si vertigineux. Hop ! Levons-nous tous et applaudissons à tout rompre ce magicien/maestro. Je peux vous parier que cet album majeur (au minimum l'album français de l'année), deviendra un jour un album culte.

Biographie officielle (largement écourtée) :arman méliès,vertigone,interview,mandor

En cinq albums, Arman Méliès s’est construit un patronyme solide dans le monde de la création française. Un nom de musicien, un compositeur réputé voyageur, pour lui ou d’autres (Bashung, Thiéfaine…), capable de glisser d’une pop oblique jusqu’aux contrées électroniques. Un curieux, défricheur, cascadeur même. Sa dernière expérience AM IV  était synthétique… et le revoilà, avec Vertigone, amoureux des racines, interprète, taillant dans les guitares ce qu’il avait sondé auparavant dans les claviers. L’homme n’a pas changé, il est fils d’exigence mais il « avait des envies de chanteur, voulait retrouver la magie du guitare-voix sans se cacher derrière la technologie ». Toutes les chansons ont donc été composées à l’ancienne, dans la tradition : avec un rythme, une guitare et une ligne de chant. Retour aux bases toute ! Donc. Quand le son est proche de l’os, que l’essence blues ronge les guitares et que la voix raconte l’histoire dans un instant d’exultation et de don. La musique, Arman Méliès la veut maintenant comme une vibration pure, une exploration sans filet, une expérience sans prismes, ni filtres, ni masques…
Arman Méliès est là. Et si Vertigone est certainement son album le plus rugueux, il n’a rien de minimal, au contraire. Peut-être tient-il là son disque le plus foisonnant et le plus extraverti. En studio, les arrangements ont fait leur œuvre pour venir « chatoyer » les rudesses d’origine et le plaisir des enjolures a parfait la pureté de l’intention. L’orchestration, jamais bavarde, y sert la limpidité du chant et la musique naturelle du texte.

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 (Photo : Frank Loriou)

arman méliès,vertigone,interview,mandorInterview :

Cinquième album. Cela commence à faire une œuvre.

On s’en approche doucement. A mon sens, il faut flirter avec la dizaine pour constituer une œuvre qui se tienne. Cela dit, Jeff Buckley n’a fait qu’un disque, mais c’est une œuvre tout de même. Un chef d’œuvre, pour être tout à fait exact. Le nombre d’album n’a pas d’importance, au fond, mais quand je regarde mes camarades de jeu comme Dominique A ou Jean-Louis Murat, ils en sont à un certain nombre de disques que je n’ai pas atteint.

Il me semble que c’est ton précédent album, AM IV, qui t’a révélé. Pour moi, ce disque a été un choc en tout cas.

Il a été effectivement un peu plus exposé. Sur les trois premiers disques, j’avais réussi à m’installer comme un auteur compositeur qu’il fallait un peu suivre. Le fait d’avoir collaboré avec Bashung, Thiéfaine et Julien Doré, m’a donné un peu de crédit auprès des gens de la profession. Le fait d’avoir détourner, à peine, un discours politique de Sarkozy a fait un peu parler. Le clip de « Mon plus bel incendie » où un tueur à gage extermine mes collègues chanteurs et chanteuses françaises s’est aussi fait remarquer. Toutes ces choses-là réunies font qu’on pose un regard un peu plus important sur ma petite personne. Ça a permis d’éclairer un peu mieux la sortie d’AM IV. C’est curieux parce que je continue aujourd’hui à le trouver difficile d’accès.

Clip de "Mon plus bel incendie" tiré de l'album AM IV.

Revenons au clip de « Mon plus bel incendie ». Bousiller tous vos confrères, je trouvaisarman méliès,vertigone,interview,mandor l’idée énorme.

Il y avait l’idée de jouer sur le climat ultra concurrentielle que l’on peut vivre, je parle en termes économiques et politiques, pas forcément dans le milieu de la chanson, même si je me suis amusé à tuer mes amis artistes. En vrai, ce n’est pas parce qu’untel marche que l’autre ne va pas marcher. On est plutôt à s’entraider les uns, les autres selon les petites familles musicales que nous nous sommes créés. Je n’ai jamais senti de concurrence.

Le climat ultra concurrentiel dont tu me parles, tu le ressens en tant qu’artiste ?

Moi, non franchement. Je fais partie des artistes un peu privilégié, un peu à part. Cela dit, dans la vie de tous les jours, je vois bien que les gens en bavent, que certaines personnes sont lourdées comme des moins que rien. Je trouve qu’il y a une violence économique aujourd’hui dans le monde dans lequel nous vivons. Encore une fois, je sais que je fais partie des privilégiés parce que je fais un métier que j’adore, que je ne considère pas comme du travail, mais comme une passion, parce que j’arrive à en vivre, parce que je fais des concerts partout en France et parfois même dans le monde. C’est ambivalent, parce qu’on a beau être ancré dans une certaine réalité et être sensible à cela, en même temps, on sait très bien que nous, artistes, on est en train de vivre notre rêve de gosse.

"Constamment je brûle", version audio. Titre extrait de l'album Vertigone.

arman méliès,vertigone,interview,mandorEst-ce que tu fais ce métier aussi pour fuir cette réalité ?

Je ne le considère pas comme une fuite, même si j’ai toujours été un peu rêveur. Même enfant, j’avais tendance à m’échapper dans mon monde. En tout cas, je n’ai pas opté pour la musique pour fuir tout ça. Sans doute que, par moment, cela préserve un peu. Cela permet de réenchanter le monde et d’en voir les effets les plus positifs sur la réalité.

Tu as employé un mot que j’aime bien : « réenchanter ». Des gens comme toi donnent du bonheur. Ils redécorent le monde de manière jolie et positive.

Tu as raison, même si ce n’est pas exclusivement cela. C’est de l’ordre du don de permettre d’offrir une vision un peu différente au public et de proposer le monde sous un autre axe pour envisager le réel.

Est-ce que Vertigone est la continuité d’AM VI ?

Je ne sais pas, mais c’est un album logique dans ma discographie. Ce cinquième album est l’aboutissement temporaire d’une évolution qui me parait naturelle. Quand j’ai commencé à écrire Vertigone, dans un souci de ne pas me répéter, j’avais la volonté de me démarquer d’AM IV. J’essaie de faire en sorte de ne jamais concevoir deux fois le même disque. J’envisageais AM IV comme un album très conceptuel, froid, voire un peu désincarné. A l’inverse, là, j’avais envie de faire quelque chose qui était très incarné avec des chansons qui prennent chair. C’est aussi pour cela que je les chante différemment.

Teaser 1 de l'album Vertigone.

Tu te lâches avec ta voix. J’adore !

Ça m’est venu naturellement. Sur les deux premiers disques, j’avais une crainte d’être un peu trop lyrique et que ce lyrisme transforme mes chansons en quelque chose de grandiloquent. J’ai donc fait profil bas et j’ai retenu cet élan vocal pour obtenir quelque chose qui soit de l’ordre de la sobriété et du minimalisme. Aujourd’hui, avec l’envie de la scène, l’expérience et l’âge, le chant s’est transformé. Au fur et à mesure, je me suis aperçu que je poussais plus ma voix et que j’y trouvais énormément de plaisir.

Tu as été musicien de Julien Doré (mandorisés là) sur sa dernière tournée à succès. Vous avez fait de arman méliès,vertigone,interview,mandornombreuses dates et il y avait du monde partout. Est-ce que cela a influencé la conception de ton dernier album ?

Oui, dans une certaine mesure. Il y avait quelque chose de très pop, très lumineux, très arrangé dans l’album de Julien. Sur la tournée qui a suivi, on était dans quelque chose de l’ordre du contrôle. En réaction à cela, je crois que j’ai eu envie de lâcher les chevaux. Quand j’ai commencé à écrire mes chansons, j’ai eu envie de me livrer un peu plus.

Tu as écrit tes chansons lors de la tournée de Julien Doré.

Oui, en fin de matinée, début d’après-midi, avant les balances du concert du soir. J’ai moins de problème pour trouver l’inspiration que la méthode de travail. On est dans un cadre où nous changeons de salle tous les jours. On peut se retrouver dans une petite loge sans fenêtre. Parfois nous sommes plusieurs dans la même salle. Chacun est sur son ordinateur pour ne pas trop déranger les autres. Parfois, on est seul et on peut faire un peu plus de bruit. On n’est pas toujours dans une situation très confortable pour l’écriture, mais ça venait naturellement. Comme un ouvrier, tous les jours, je me mettais au travail.

Teaser 2 de l'album Vertigone.

arman méliès,vertigone,interview,mandorPeut-on dire que cet album s’est fait facilement ?

Oui. J’avais du temps chaque jour, donc je l’ai utilisé à cela. Peu à peu, je voyais où j’allais et à quoi je voulais que mon album ressemble.

Tu as jeté beaucoup de chansons ?

C’est la première fois que j’en jette autant, en tout cas. Pour mes précédents albums, lorsque je les concevais, je ne jetais presque rien. Là, j’ai écrit plus que d’habitude. En tout, près de 25 chansons. J’ai beaucoup élagué.

Tu voulais te diriger vers où avec ce disque ?

Je voulais revenir aux guitares. Je souhaitais concevoir un disque « classic rock» et qu’il ne soit pas nostalgique d’une époque, ni qu’il soit référencé par rapport à tel courant musical ou tel artiste. Je voulais aussi quelque chose qui soit contemporain et qui ressemble à notre époque.

Tu m’impressionnes musicalement, mais aussi textuellement. Tu n’écris comme personne d’autre. On se laisse embarquer dans des histoires que l’on ne comprend pas toujours. Enfin, là, je parle pour moi.

Le travail de mes textes consiste à ce qu’ils ne soient pas hermétiques. Je veux que l’on puisse se raconter quelque chose assez vite en écoutant les textes. Si on ne comprend pas ce que je raconte, on peut au moins s’en faire une interprétation. Il y a plusieurs degrés de lecture et chacun, selon sa vie personnelle, selon ses références, selon ses influences, se raconte sa propre histoire. Les textes se doivent d’être vraiment subjectifs. Je joue avec la subjectivité de l’auditeur.

Teaser 3 de l'album Vertigone.

Dans ton nouvel album, on est transporté dans la mythologie.arman méliès,vertigone,interview,mandor

Les chants sont « épiques ». Certains de mes textes sont mêmes des odes à la vie.

D’où te vient l’inspiration de ces textes ?

Elles me sont un peu sorties comme ça. Après je fais du tri dans ce qu’il me tombe dessus, parce que parfois, il y a des choses qui ne font pas sens. Il y a des thèmes que l’on retrouve d’une chanson à l’autre, parfois même une même phrase ou des mots en commun. Toutes les chansons ont des liens entre elles.

On fait un disque comme on fait un puzzle ?

Je comparerais ça à un mini recueil de mini nouvelles.

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Pendant l'interview...

arman méliès,vertigone,interview,mandorAimerais-tu écrire un livre ?

Oui. J’ai des collègues qui se sont adonnés à cette activité. Dominique A et Bertrand Belin par exemple. Je n’envisage d’écrire des nouvelles ou un roman qu’assis derrière un bureau pendant des semaines, voire des mois et je n’en ai pas la patience. J’ai déjà fait des tentatives de romans, mais je n’arrive pas à les terminer. Il y a toujours un moment où je préfère reprendre la guitare et écrire une chanson. Je n’arrive pas à m’astreindre à une discipline très difficile. Peut-être qu’aucun de mes romans n’aboutira.

Toutes les critiques sur ce nouveau disque sont extrêmement élogieuses, cela te rassure ?

Bien sûr. Je lis la plupart des critiques par curiosité et je dois dire qu’en ce moment, je suis gâté. Mais, si l’album n’avait pas trouvé l’adhésion des critiques musicaux, j’aurais eu au moins la fierté d’avoir fait l’album que je voulais. Je suis très satisfait et fier de lui. Aujourd’hui, il ne m’appartient plus.

Je trouve superbe la pochette et l’artwork de ton disque signé Franck Loriou.

On a flirté avec le vintage, mais on ne voulait pas être dans le cliché du vieil album. Je trouve que la pochette ressemble aux chansons : classique et classe.

(A noter que toutes les photos qui "décorent" cette chronique mandorienne sont de Frank Loriou, sauf celle avec Julien Doré et, évidemment, celles prises à l'agence). 

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Après l'interview, à l'agence, le 6 octobre 2015.

Zaz : interview pour le CD-DVD Sur la route.

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zaz, sur la route, interview, le magazine des espaces culturels leclerc, mandor

zaz,sur la route,interview,le magazine des espaces culturels leclerc,mandorDeuxième interview de Zaz. Je l’avais mandorisé il y a cinq ans, quelques jours avant la sortie de son premier album. Elle n’était alors qu’une artiste « en devenir ». Elle est aujourd’hui la chanteuse française la plus populaire dans le monde, rien de moins. A l'occasion de la sortie de son CD-DVD, Sur la route, la chanteuse a répondu à mes questions il y a trois semaines de cela, pour Le magazine des Espaces Culturels Leclerc (daté du mois de novembre 2015). Elle est restée la jeune femme sympathique que j’ai connue la première fois, mais elle est plus sûre d’elle… Le succès rassure.  

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Zaz : bande annonce de Sur la route.

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"Si jamais j'oublie", 1er single extrait du CD / DVD "Sur la route"

Geneviève Morissette : interview pour Me V'là

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Radios, magazines, webzines (et la Fnac) ne parlent plus que de ce phénomène venu de chez nos cousins d’outre Atlantique… Geneviève Morissette ! Elle vient de sortir en fanfare son premier album, Me v’là (Balandras éditions/ EPM/ Universal). Comme tous mes confrères et certains artistes me parlaient d’elle, je suis donc allé la découvrir aux Trois Baudets, lors de la soirée de lancement du disque. Le 10 septembre dernier. Et là, j’ai vu une pétillante (et excentrique) femme de mots. Une bête de scène comme on n’en fait moins, qui chante l’usure du couple, les menstruations ou l’accent québécois avec une énergie qui vient du rock.
La France est tombée en amour d’elle (Forum Léo Ferré d’Ivry, Manufacture de la chanson de Paris, Printemps de Bourges off…etc) et moi aussi.

J’ai rencontré la divine artiste à l’agence le 7 octobre dernier. Une constatation s’impose : même en interview, la dame est explosive et chaleureuse.

geneviève morissette,me v'là,interview,mandorBiographie officielle, mais modifiée et raccourcie (donc pas si officielle que cela finalement):

A l’adolescence, « la Morissette » hérite d’un vinyl de Janis Joplin dont elle adopte illico le style capillaire. C’est la révélation. La Québécoise serait chanteuse sur glace, et c’est en effet devant l’miroir qu’elle s’exerce en cachette, pendant des années.

Des scènes de concours québécois comme le Festival de la chanson de Granby où elle s’est distinguée avec quatre prix dont le celui des rencontres d’Astaffort dirigé par Francis Cabrel. C’est d’ailleurs là qu’elle croise Oldelaf avec qui elle compose un duo et Émilie Marshqui devient plus tard, la directrice musicale de son groupe rock. La Morissette marche fièrement sur les traces de ses parents : Robert Charlebois et Diane Dufresne. Tout fraichement débarquée à Paris au début de l’année 2015 avec sa valise avec la ferme intention de mettre ses maudits cousins à genoux, la Morissette petit à petit a fait son nid.geneviève morissette,me v'là,interview,mandor

Olympia en juin 2014 lorsque Lynda Lemay l’a invitée à la rejoindre sur scène pour chanter en rappel de ses concerts. La chanteuse avait pris le pouvoir, offrant ce qu’elle a de meilleur, sa fougue, sa gaucherie désarmante, sa parlure ben québécoise assumée, sa sincérité et sa voix..quelle voix…Elle était là tout’ nu d’vant nous et le public est tombé en amour, tout de suite, inconditionnellement.

Elle ne devait rester que deux semaines à Paris, mais n’est jamais repartie, couvant son premier album, qui porte la double citoyenneté ! Enregistré à Montréal et à Paris, il a été réalisé par l’artiste québécois Antoine Gratton et quelques titres ont été enregistrés au studio Le Garage avec la précieuse collaboration de Bernard Natier.

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geneviève morissette,me v'là,interview,mandorInterview :

La « légende » dit que tu es venue deux semaines en France et que, finalement, tu n’es jamais repartie.

C’est exactement ce qu’il s’est passé. Lors de précédents passages en France, il m’est arrivé d’être invitée « à l’arrache » sur scène. Par exemple à l’Olympia lors d’un rappel de Linda Lemay (photo à gauche). Ce n’était pas la première fois que l’on m’invitait sur scène alors que je ne m’y attendais pas. Mais, j’adore ce genre de surprise. Pour en revenir à la France, j’ai senti que j’avais rendez-vous avec ce pays, la preuve, j’ai pris un billet ouvert. Quand je ne suis pas partie deux semaines plus tard, je pensais que j’allais tenir trois mois et en fait, ça fait un an que je suis ici.

Le fait d’avoir rencontré Laurent Balandras, désormais ton éditeur, n’est pas pour rien dans ta décision de rester ici.

C’est une rencontre très importante. Un soir, il m’a vu à mon spectacle et immédiatement, il m’a proposé de devenir mon éditeur. Un mois plus tard, il m’a trouvé un deal de disque… j’avais commencé à le concevoir au Québec et je l’ai terminé à Paris. On a fait beaucoup de choses à distance avec mon équipe québécoise. Bref, grâce à Laurent, les choses se sont accélérées pour moi.

Tu as sorti le disque d’abord en France, avant le Québec.

J’adorais cette idée-là. Si c’était un peu téméraire de faire ça, c’était surtout un hasard. On a eu une offre, on a saisi l’opportunité immédiatement.

Mais dans ton pays, tu avais déjà une petite notoriété ?geneviève morissette,me v'là,interview,mandor

J’avais déjà fait la route des concours, ce qui est très important au Québec. J’ai fait les trois tremplins les plus importants : Ma première Place des Arts, le Festival international de la chanson de Granby et le Festival en chanson de Petite-Vallée. Granby, c’est le plus gros festival et c’est là que j’ai gagné les résidences de création à Astaffort, dirigé par Francis Cabrel. C’est là que j’ai rencontré Emilie Marsh et Oldelaf. C’est là aussi que j’ai commencé à collaborer avec des Français. J’ai adoré la manière de travailler avec votre « culte du moment ».

C’est-à-dire ?

Les français sont en amour avec le moment présent. Moi aussi, je suis comme ça. Vivre à fond tout le temps.

Geneviève Morissette dans "Exploser" lors du concert de lancement d'album aux Trois Baudets, le 10 septembre 2015. (Hexagone).

"Comme dans un film" en duo avec Oldelaf (La Bande Sonore).

Dans ton spectacle, tu te moques de toi… et des français.

Il faut savoir prendre du recul et s’amuser des travers de soi et des autres. Et je me moque aussi beaucoup des hommes. Ils s’en prennent plein la gueule. A ma manière, je suis un peu féministe, je crois. Si on a pas mal avancé pour les droits et le respect des femmes, il y a encore des trucs à faire.

Je précise que ton disque n’est pas un disque féministe.

J’hésite à me mettre dans une boite, mais je répète ce que les gens me disent de leur perception de mes chansons, notamment quand on me parle de « La femme en beige » ou de « Crise de nerf ». Ce sont des chansons où la femme est un peu plus forte que l’homme. J’ai eu besoin d’écrire des choses comme ça dans mon art.

Quand on est un homme, ça doit être dur de suivre Geneviève Morissette !

(Rires) Oui, il y a un truc comme ça. Je ne suis pas la petite princesse qui dit « oui mon chéri, qu’est-ce qu’on fait ce soir ? » En vrai, j’aime prendre des initiatives et que l’on me suive. J’ai conscience d’avoir une forte personnalité.

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Geneviève Morissette entourée de son éditeur, Laurent Balandras (qui rime avec  classe) et Luc Plamondon.

Deux extraits du premier album de Geneviève Morissette, "Me v'là!" (Balandras éditions/ EPM/ Universal) réalisé par Antoine Gratton: "M'acheter un jet" et "Gueuler ma vie".

Sur scène, en fait, tu es toi dans la vie.

Je n’ai aucune autre option. Toute autre tentative devient un flop monumental. A mes débuts, j’étais à l’Ecole nationale de la chanson. Au Québec, c’est une école très importante pour les auteurs-compositeurs-interprètes. J’ai essayé plusieurs styles d’écriture et des manières de chanter différentes. A un moment donné, on apprend à descendre au fond de soi, à être complètement ce que nous sommes, avec notre héritage et notre culture. Moi, je chante dans mon français à moi, un français un peu de rue…

Alors que nous parlons la même langue, il y a des variantes de signification entre deux mots similaires.

En québécois, le sens est beaucoup à l’intonation. Pour vous, les Français, chaque mot à une définition. Vous, c’est pur, détaillé, nous c’est vraiment avec l’émotion.

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(Photo : Marylène Eytier - aubondeclic.com)

Tu es une rockeuse ?

Quand j’étais plus jeune, j’ai beaucoup été influencée par Janis Joplin et par Diane Dufresne. Quand je ne suis plus sûre de quelque chose dans la façon de concevoir mon métier, je regarde et écoute Janis. Elle est allée tellement loin que je me dis que je veux aller aussi dans cette direction-là. Il ne faut pas se contenter de peu. Je veux donner le plus possible.

Tu peux être fan d’un autre artiste ?geneviève morissette,me v'là,interview,mandor

Bien sûr. C’est important d’être aussi fan. On a des familles artistiques. Des pères, des mères, des grands-pères, des grands-mères. On vient de quelque part. Il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. J’ai du respect et beaucoup d’admiration pour les gens qui m’ont porté et influencé. J’ai dit à Robert Charlebois, « vous ne le savez pas, mais vous êtes mon père ! »

Ton disque reflète bien ce que tu es sur scène.

Mon côté brut, à fleur de peau, devait se retrouver sur l’album. Il ne fallait pas qu’il soit escamoté. Avec mon réalisateur, on a décidé de faire venir des gens en studio, avec des écouteurs, et on a joué devant. Ça nous a donné beaucoup d’énergie. La majorité des prises sont « live ». Quand tu es en live, tu es sur le qui-vive tout le temps, tu as peur de te tromper, tu as peur que ce soit la dernière fois que tu joues de ta vie… il se dégage quelque chose de cet état.

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Enregistrement live de l'album.

Est-ce que si on écoute ton premier album, on connait Geneviève Morissette ?geneviève morissette,me v'là,interview,mandor

Il y a encore de la matière pour d’autres disques (rires). Me V’là est un album où je mets mon pied dans la porte et où j’essaie de montrer que je ne suis pas comme tout le monde et que je ne vais pas faire pareil que les autres chanteuses. Je suis un peu rebelle et j'ai sans doute la de punk attitude en moi.

Parle-moi de la guitariste-chanteuse qui joue avec toi, Émilie Marsh, et que tu taquines beaucoup sur scène.

Avec sa permission. Ce que j’aime avec l’humour, c’est que l’on peut toujours faire passer des réflexions assez profondes. Émilie, elle est toujours partante pour délirer.

geneviève morissette,me v'là,interview,mandorQu’est-ce que tu espères désormais, pour ta carrière française.

Je veux passer à la télé. Je veux passer chez Michel Drucker. Pour les artistes québécois, Michel Drucker, il est proche de Dieu. La télé, c’est un média qui me va bien. C’est un peu comme un spectacle. Et puis, franchement, la télé française, ça me fait rêver. Et plus généralement, vous ne vous en rendez pas compte, mais vous êtes un peuple qui fait rêver.

Tu es en France pour combien de temps, du coup ?

Je suis sur le même truc qu’au début. On verra bien. A priori, je suis là pour tout l’automne parce qu’il y des choses de calées, comme La Boule Noire de Paris le 3 décembre. J’espère que je vais exploser, comme ça, je n’aurais pas à rentrer tout de suite (rires).

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Après l'interview, le 7 octobre 2015.

Oxmo Puccino : interview pour La voix lactée

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(Photo : Vincent Desailly)

Voix majeure du rap français en même temps que chanteur et chantre du métissage musical, Oxmo Puccino est l’un des artistes majeurs de la scène française. « Fils des cités comme des chansonniers, Oxmo Puccino milite pour un rap poétique, libéré des clichés et du culte de la réussite. » dixit Télérama.Dans son huitième album, La voix lactée, il fait l'éloge de la lenteur et du temps nécessaire à la réflexion, « une question de survie ».Oxmo Puccino est un observateur de son temps qui noue une relation fraternelle avec son public depuis 20 ans. Ce n’est pas la première fois que je le rencontre, mais c’est toujours agréable d’avoir des conversations qui te portent vers le haut. Le 28 septembre dernier, je l’ai interviewé dans les locaux de sa maison de disque Cinq7.

oxmo puccino,la voix lactée,interview,mandorArgumentaire officiel :

2 disques d'or, 2 victoires de la Musique ont couronné un artiste hors norme, un observateur de son temps qui depuis 20 ans a noué une relation fraternelle avec son public.

Après une parenthèse enchantée Au Pays d'Alice aux côté de Ibrahim Maalouf, Oxmo Puccino revient avec La Voix Lactée un nouvel album coréalisé avec Renaud Letang (Feist, Liane La Havas, Gonzales...). Oxmo Puccino surprend à nouveau et revisite les codes du hip-hop. Il réussit le tour de force de renouveler son écriture, plus directe mais toujours emplie de poésie et d'humour. Tour à tour conteur, rappeur ou chanteur, l'icône du rap français n'a rien perdu de son flow et de sa plume aiguisée.

Synthèse parfaite d'un artiste ayant exploré différents horizons musicaux et revenant à ces premiers amours, on y retrouve la verve du Black Desperado, le côté obscur de l'agent spécial Jonxmoke, la puissance du Black Jack Brel.

Le résultat : un album lumineux et direct, évidemment musical, éternellement hip-hop. Entouré de ses musiciens magiciens, Oxmo Puccino nous partagera ces nouvelles mines de cristal et nous promet une tournée électrisante.

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(Photo : Vincent Desailly)

oxmo puccino,la voix lactée,interview,mandorInterview :

Ce qui est bien dans ce que vous faites, c’est que ce n’est jamais la même chose. Aucun album ne se ressemble.

Ce n’est pas facile de prendre un nouveau chemin à chaque fois. C’est même un risque, mais c’est ce qui permet de ne pas s’ennuyer et de reconnaitre les fervents.

Reconnaitre ceux qui suivent toutes les directions que vous prenez, c’est ça ?

Ce qu’il y a de commun à toutes les directions que je prends, c’est moi. Ma façon de voir les choses, mon point de vue sur les sociétés dans lesquels nous vivons. Donc, ceux qui sont fervents, la plupart du temps, sont ceux qui comprennent que mon travail est une démarche artistique globale.

Vous tissez votre toile d’araignée quoi !

Exactement. Parce que pour moi, tout est lié. Vous pouvez parler de confiture et comprendre le lien avec les insectes. Il suffit de trouver le beau cheminement. Je ne suis jamais en manque d’inspiration, car quand je ne trouve pas l’idée que je cherche dans un panier, je vais la chercher derrière moi… et souvent, je la trouve.

Est-ce que le public vous suit alors ?

J’ai des fans de base qui sont pour moi comme des amis. Non seulement ils me suivent, mais ils montent dans le bateau, indépendamment de ce que je vais proposer. Ils me pardonnent si le voyage ne leur a pas plu, mais ils attendent déjà le prochain départ.

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(Photo : Vincent Desailly)

Textuellement, il y a une certaine continuité, mais pas vraiment dans la musique.

Dans ce nouvel album, la musique est plus synthétique, plus froide, moins organique. Elle est moins fouillée en termes de composition. Elle est plus minimaliste.

Elle est moins fouillée en termes de composition ? Je trouve que c’est exactement le contraire. Ca fourmille d’idée dans tous les sens.

Sincèrement, vous avez peut-être raison. Je manque de recul pour pouvoir décrire la musique de ce disque de manière formelle et cohérente, parce que la peinture est encore trop fraîche. Il y a beaucoup de couches. Certains morceaux comme « Ton rêve », c’est comme une sorte de transe. On se laisse porter par un rythme qui tourne, sans trop de perturbations, mais c’est très riche et dense. Sur mes trois derniers albums, en termes de composition, c’était beaucoup plus fouillé, en termes d’évolution harmoniques aussi d’ailleurs. Là, on a utilisé des boites à rythmes, il y a beaucoup plus de synthétiseurs. Utiliser des synthétiseurs donne un côté « électronique » qui est moins chaleureux qu’une guitare ou qu’un piano.

C’est l’effet Renaud Letang ?

C’est l’effet Renaud Letang/Oxmo Puccino. Nous avons beaucoup travaillé ensemble. Vous savez, j’ai une certaine vision d’un objectif à atteindre. Mais sur le chemin, je peux me rendre compte que je suis en train de me tromper. C’est accepter mes erreurs qui me permet d’évoluer. Un jour, je suis venu voir Renaud sans l’envie de rentrer en studio. Mais au fur et à mesure des discussions et des choses qu’il me faisait écouter, cela m’a provoqué une sorte d’impact. Et très vite, je me suis rendu compte que l’on avait de quoi faire un album qui ne correspondait pas à ce qui avait déjà été fait… et qui était solide. J’ai donc emmené des maquettes qui sonnaient bossa nova, latino, brésilien, colombien et lui s’est chargé de remettre tout ça à l’heure d’aujourd’hui, sans perdre l’émotion que j’avais dans mes maquettes. On a fini l’album comme on l’a voulu, comme on l’a senti.

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(Photo : Vincent Desailly)

Il y a plein de thèmes différents qui peuvent être légers ou graves. Parlez-vous de vous dans vos chansons ?

Je ne suis pas toujours dans les situations que je décris, je m’inspire aussi de ce qu’il se passe dans la vie de mes amis et autour des gens que je fréquente. On pense qu’on est seul au monde à vivre quelque chose, mais d’autres personnes vivent les mêmes faits, même s’ils n’en parlent pas. On peut partager et réduire une souffrance, juste en l’évoquant. Je parle de sujets pas toujours très drôles, mais en tentant de trouver leur penchant positif. Je rentre par une petite porte afin de découvrir quelque chose d’important et d’essentiel.

Une chanson comme « Un week-end sur deux », je me suis demandé si vous l’aviez vécu.

La vie de famille est quelque chose qui est très difficile à maintenir. On est tous les jours au bord d’une faille. Ça fait partie de la vie et forcément, je me suis mis dans le cas de figure où je devrais élever ma fille à distance. J’ai des amis qui ont vécu ça pleinement. J’ai la chance d’avoir assez d’empathie pour me mettre à leur place. Je ne suis pas dans le déni. La question que je me suis posé dans ce titre, c’est : si cela m’arrivait, qu’est-ce qu’il se passerait, comment j’agirais ?

J’adore la façon que vous avez d’interpréter la chanson « Cheval sur ».

C’est le morceau va-t-en-guerre de l’album, en même temps, c’est une démonstration technique de ce qu’est le rap. Dans ce morceau, je suis à cheval sur l’impossible et si on ajoute l’accent circonflexe sur le u, ça devient « A cheval sûr ». Ça veut dire que la manière dont on veut avancer dépend énormément de qui on s’entoure. Il faut toujours prêter attention aux anciens, à ceux qui ont l’expérience, parce qu’ils en sauront toujours plus que vous. Avec l’évolution de la technologie aujourd’hui, quelque chose s’est brisée : le sens de la transmission. Je trouve ça dommage parce que je pense qu’on a toujours besoin d’un mentor pour avancer.

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(Photo : Vincent Desailly)

Dans ce disque, vous parlez beaucoup aux jeunes.

Si on ne fait pas attention à qui on se confie, on finit par être le dindon de la farce. Ce que je remarque dans la nouvelle génération, c’est que pratiquement personne ne retient les leçons des erreurs des ainés. C’est dommage. C’est comme si nous nous étions trompés pour rien.

Il faut pourtant se tromper pour avancer.

Oui, mais on peut limiter les erreurs. Il y a des dégâts qui sont irréparables, ensuite, il faut se les coltiner toute sa vie. Un mentor peut vous éviter cela. Moi, j’ai eu des mentors qui m’ont permis d’éviter beaucoup de choses. Je pense à un de mes premiers managers, Rick vlavo, à celle qui a dirigé pendant douze ans le label musical Delabel,Laurence Touitou et à ma manageuse actuelle, Nicole Schluss. Ils étaient là pour me prévenir des dangers de certains passages de vie.

J’ai l’impression que dans le métier, vous avez désormais une stature de « sage ».

J’ai toujours essayé d’aller dans l’arrangement. Et avec le temps, le ton se fait plus doux.

Vous sentez-vous appréciez de la jeune génération ?

Dans le milieu du rap, les fans ne voient que les artistes qu’ils apprécient et tous les autres n’existent pas. Pour un fan de Youssoupha, de Maître Gims ou d’Abd al Malik, je peux ne rien représenter. Ma position restera toujours incertaine, j’en suis conscient. Rien n’est acquis à vie. Mais j’aime bien ma position un peu à part. Vraiment.

Vous faites attention à ce que l’on dit de vous ?

Non. Je dis toujours que ce que l’on dit de moi est vrai. Il n’y pas de fumée sans feu et tous les malentendus sont possibles. Même si ça ne correspond pas, c’est juste une part de vérité qui a été mal traduite.

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(Photo : Vincent Desailly)

Être connu et reconnu, vous en pensez quoi ?

C’est étrange que la notoriété soit prise comme un caractère de la réussite. C’est étrange également que l’on puisse penser qu’être célèbre, c’est d’avoir réussi. Dans certaines chansons, j’essaie d’apporter une certaine vision sur cette notion qui est totalement incomprise des deux côtés. C’est-à-dire par les personnes qui se font tout un monde de la célébrité et par ceux qui la vivent. Personne n’y comprend rien. La célébrité est un accident et je trouve que ceux qui la cherchent c’est parce qu’ils ont un manque d’affection mal placé.

Vous aimez la célébrité ?

Pas du tout, mais je m’en arrange. Je suis quelqu’un de très discret, je sors peu. Je ne fais rien pour que l’on me reconnaisse.

Pour être artiste, il faut quand même avoir un peu d’ego en soi, non ?

Non. Il faut avoir un amour propre pour pouvoir suivre sa passion en toute intégrité et pour créer quelque chose qui lui ressemble… en suivant sa voie intérieure, bien sûr.

Clip de "Une chance", premier single tiré de l'album La voix lactée.

Le premier single de ce disque est « Une chance ». C’est un message pour dire aux gens de la saisir quand elle se présente ?

Je veux dire : ce qu’il vous arrive de mal est peut-être la conséquence d’avoir manqué la chance. C’est un appel à regarder sur soi et autour de soi. Un appel à faire attention à toutes ces occasions que vous avez manqué et à la prochaine qui pourrait changer votre vie. Il ne faut pas se plaindre de ce que l’on a laissé passer et il ne faut pas mettre cela sur le compte de la malchance.

Avez-vous le temps d’avoir du recul entre deux albums ?

A peine arrivé à la fin d’un projet, je pense déjà aux deux suivants. Je suis dans une machine à laver en permanence, entre le séchage et le lavage. Alors, effectivement, j’ai un peu de mal à prendre du recul et ma vie est dans le chamboulement total.

Vous menez une vie de créativité constante.

Je ne cesse jamais de créer. J’ai trop de sources d’inspiration pour me permettre de m’arrêter. C’est là qu’à la fois je prends énormément de plaisir, que je me repose et que j’ai l’impression de changer le monde. J’échange beaucoup d’idées avec d’autres chercheurs en bien-être.

« Chercheurs en bien-être ». Quelle jolie expression ! C’est ça un artiste ?

Non. Pour moi un artiste révèle la beauté de la nature qui pourrait être invisible à l’œil nu. La musique, ce n’est rien que des chants d’oiseaux ou du bruissement du vent dans une forêt de bambous qui a été harmonisé pour être accessible à tous. Le chercheur de bien-être, c’est celui qui destine cette traduction de manière consciente, c’est celui qui crée pour apporter du bien à son prochain.

Clip de "Slow Life", deuxième single tiré de l'album La voix lactée.

On s’habitue à la sortie d’un nouvel album ou c’est un éternel recommencement ?

A chaque fois, c’est un redémarrage. Le savoir ne change rien à l’affaire. C’est toujours des questionnements et puis, ça arrive toujours à une étape de notre vie qui est nouvelle. On se demande si le discours, la cohérence, l’époque dans laquelle ce disque ce situe est dans le bon timing. Suis-je décalé, dans les temps, en avance, à l’heure ?

J’ai l’impression que ce disque a été aussi pensé pour la scène, non ?

Avec cet album, j’ai vraiment hâte de retourner sur scène. Ça va être plus simple en apparence. Depuis des années j’intègre du jeu, de l’interaction avec le public, il y a un côté théâtral, des directions musicales, une scénographie. Je compte changer tout cela dans la prochaine tournée liée à ce disque. Ce nouvel album est dans l’énergie. Il est plus rythmé, plus relevé, plus rapide. Les refrains sont plus accrocheurs, plus fédérateurs… On va s’éclater.

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Pendant l'interview...

Est-ce que l’on peut dire que La voix lactée est votre album le plus « populaire ».

Je ne sais pas parce que je ne connais pas les critères de ce que nous pouvons qualifier de « populaire ». Ce que je sais, c’est qu’il y a moins de mélancolie et plus de joie. J’ai une amie très proche qui m’a dit que c’était l’album d’un homme heureux. C’est la première fois que l’on me suggère cette idée-là. Elle a sûrement raison. Je trouve que je suis heureux. Je l’ai voulu, envers et contre tout.

Le chemin pour parvenir à une certaine sérénité et à un certain bonheur est long ?

Il est long et tortueux. Il ne passe pas par où on l’a prévu... Ca révèle toute la beauté d’un parcours.

Vous êtes fier de ce disque ?

Extrêmement.

Cela vous est-il arrivé de ne pas être fier d’un disque ?

Non, parce qu’à chaque fois, j’y ai mis de mon mieux. Lorsqu’il y a des lacunes, j’en suis conscient. Mais j’ai toujours des ambitions qui dépassent ce que je peux faire. Il faut viser la lune pour toucher le ciel (rires).

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Après l'interview, le 28 septembre 2015.

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